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Bénin : que cachent les vagues de soutien après le coup d’État déjoué ?

L’investigateur 7/10/2024 à 14:02

L’affaire de la tentative de coup d’État au Bénin, impliquant l’homme d’affaires Olivier Boko et l’ancien ministre des Sports Oswald Homeky, a provoqué une série de déclarations de soutien au Président Patrice Talon émanant des organes de base des partis politiques de la mouvance.

Ces prises de position des militants dans les circonscriptions électorales et les arrondissements, en réponse aux réactions des partis politiques soutenant les actions du Chef de l’État, suscitent des interrogations sur le retour d’une pratique que l’on pensait révolue : celle du culte de la personnalité observé sous l’ancien régime. En effet, sous la présidence de Boni Yayi, les déclarations de soutien s’apparentaient presque à un impératif. Après les nominations de cadres aux postes politiques, ils prenaient l’initiative d’organiser des rassemblements, des messes d’action de grâce ou des meetings pour exprimer leur reconnaissance au Chef de l’État.

Ces cérémonies, au-delà de simples marques de soutien, allaient plus loin en devenant une stratégie politique délibérée qui servait à renforcer l’image de légitimité des dirigeants. En 2012, suite à l’éclatement de l’affaire de tentative d’empoisonnement de Boni Yayi, les démembrements locaux des partis de la mouvance ont organisé plusieurs manifestations de soutien au Président. En plus de prendre position en faveur de l’ex-locataire du Palais de la Marina, ces initiatives contribuaient à ancrer le culte de la personnalité dans la vie politique béninoise.

La rupture promise par Patrice Talon

Lorsque Patrice Talon accède au pouvoir en 2016, il s’inscrit en rupture avec cette pratique. Dès son premier mandat, le Chef de l’État avait clairement annoncé qu’il refusait le culte de la personnalité. Il prônait une gestion rigoureuse de l’État, loin des démonstrations de loyauté politique que l’on avait vues sous Boni Yayi. Le gouvernement Talon se voulait plus technique, rationnel, et efficace, éloigné des soutiens publics spectaculaires orchestrés à des fins politiques, et les partis politiques devaient suivre cette nouvelle logique. Cependant, avec la récente affaire de tentative de coup d’État, force est de constater que cette dynamique de rupture semble s’effriter.

Alors que l’on aurait pu penser que les déclarations de soutien se limiteraient aux partis politiques de la mouvance, le phénomène s’est répandu aux structures de base. Au niveau des circonscriptions électorales et des arrondissements, les démembrements des partis s’expriment pour réaffirmer leur soutien à Patrice Talon. Ils ont pris le relais, rappelant la manière dont les soutiens étaient organisés sous le régime précédent. Cela soulève des interrogations : pourquoi cette kyrielle de soutiens venant des structures de base ? Il est légitime de se demander si ces déclarations de soutien à la base ne cachent pas une stratégie.

Dans tous les cas, ce retour inattendu à des pratiques que l’on pensait révolues montre que la culture politique béninoise reste profondément marquée par certaines traditions, même après les promesses de changement.




 
 

 
 
 

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