Au Bénin, une guerre d’opinion est engagée parmi les responsables du culte Egun-gun. Alors que le Bureau exécutif national de la Communauté nationale des dignitaires des cultes des morts Yoruba Oro-Egun-Abikou-Guelèdè-Gounouko (Conadicumoyo) a publié un communiqué interdisant toute manifestation publique de ces cultes jusqu’à nouvel ordre, la Fédération des cultes Egun-gun de Porto-Novo (Facep) a réagi en se désolidarisant de cette décision.

Lors d’une récente interview accordée au journal Le Matinal, le Président de la Facep, Léopold Mèdegan Fagla, a exposé les raisons de cette opposition. Selon lui, jusqu’à présent, le culte Egun-gun ne dispose pas d’une association nationale, rendant inconcevable qu’une telle décision soit prise sans consensus. « Il n’y a jamais eu d’association au niveau national. Il faut d’abord passer par l’étape communale. À Porto-Novo, la Facep est reconnue par la mairie. À Cotonou, il existe aussi une association pour le Littoral. À Ouidah, sur quatre quartiers, trois sont membres, mais le quatrième n’a pas encore rejoint l’organisation. Sur douze départements, deux n’ont pas encore structuré leur culte. Il est inacceptable que trois individus se réclament d’une communauté nationale. Et il y a un autre groupe qui se prétend reconnu au niveau national. Cela me fait sourire », a-t-il déclaré.

De son côté, Robert Adelanwa, l’un des trois responsables du Conadicumoyo, maintient sa position : « Notre communauté est bien reconnue au niveau national et par les autorités, y compris le ministère de l’Intérieur. Contrairement à ce qu’ils affirment, nous avons la légitimité pour prendre cette décision. Ce que nous faisons vise à rétablir l’ordre », a-t-il défendu, ajoutant avoir déjà saisi les autorités compétentes. Il a précisé que chaque camp sera clarifié d’ici lundi.

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Adelanwa a également souligné que cette opposition n’est pas une lutte entre associations, mais une contestation de la manière dont les cultes sont pratiqués. « Ce sont nos cultes ancestraux, et nous ne pouvons ni les banaliser, ni les transformer en folklore », a-t-il précisé.

Pour rappel, dans son communiqué du 23 août 2024, annonçant la suspension des manifestations liées au culte Egun-gun, le Conadicumoyo a justifié cette décision en raison du désordre, de la banalisation des cultes endogènes, ainsi que de la recrudescence des actes de vandalisme, de désacralisation, de profanation et de sacrilège observés lors des manifestations spectaculaires dans certaines villes. Cette décision restera en vigueur jusqu’à la mise en place des cellules de base et des comités exécutifs locaux dans les arrondissements, communes et départements concernés, à l’exception de celles de grande envergure initiées par l’État béninois.