Afrique/Uemoa

La fin du Fcfa, une décision brusquée qui cache des non-dits

Judicaël C. GBETO 22/12/2019 à 12:24

Né en 1945 sous le nom de Franc des colonies françaises d’Afrique, le Franc de la Communauté financière en Afrique (Fcfa) disparait et laisse bientôt place à l’Eco, avec suppression de la réserve d’argent des Etats africains à la Banque de France. En visite à Abidjan en Côte d’Ivoire ce samedi 21 décembre 2019, le président Emmanuel Macron, aux côtés de son homologue Ivoirien, président en exercice de l’Uemoa, Alassane Ouattara, a officiellement annoncé la fin du franc CFA. Les deux hommes d’Etats ont convenu de la légitimité des nombreuses plaintes sur cette monnaie postcoloniale.

« C’est en entendant votre jeunesse que j’ai voulu engager cette réforme. Le Franc CFA cristallise de nombreuses critiques sur la France. Je vois votre jeunesse qui nous reproche une relation qu’elle juge post coloniale. Donc rompons les amarres » a confié Emmanuel Macron. En signalant qu’il avait été à l’initiative de cette avancée « historique », le chef de l’Etat français a insisté sur le caractère totalement souverain de cette décision, qui ne doit pas être vue comme un appât politique.
La décision, elle ne concerne pour le moment que la zone économique et monétaire d’Afrique de l’Ouest (UEMOA). Autant dire que seuls, les huit pays de cet espace à savoir : le Bénin, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Guinée-Bissau, le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo sont concernés. L’Afrique centrale, aussi liée des mains par cette monnaie post-coloniale, va encore attendre.

Deux réformes pour prouver la sincérité de l’acte …

L’Eco remplace sûrement le Fcfa d’ici 2020. Mais connaissant l’agilité et le clair-obscur des politiques africains et surtout de la France, on est en droit de se poser des questions sur ce brusque, mais spontané désir de libérer toute une zone monétaire, enchainée depuis près de 65 ans. La France est et restera la France. En cadrage à cette décision, il est donc dit, dans un premier temps, que le compte d’opération à la Banque de France est supprimé, et par ailleurs les représentants français siégeant au sein des instances de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) vont être retirés. Selon les précurseurs de l’initiative, deux actions appelées réformes techniques importantes devraient calmer les critiques. Mais si, en dépit de la disparition du CFA, certains de ses fondamentaux vont demeurer puisque l’Eco conservera une parité fixe avec l’Euro et sa garantie de convertibilité sera toujours assurée par la Banque de France, on peut se demander s’il n’y a pas anguille sous roche ?.
Selon les accords monétaires jusqu’ici en vigueur, les Etats de l’UEMOA ont l’obligation de stocker au minimum 50 % de leurs réserves de change à la Banque de France en contrepartie d’une garantie de convertibilité avec l’Euro. En 2015, ceux-ci avaient transféré 19 milliards d’euros sur ce compte. Et selon l’explication de l’entourage du président français, « Cela alimentait tous les fantasmes sur les lingots d’or africains gardés dans des coffres à Paris ».



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