Bénin

La réponse de Candide Azannaï au président Jérémie Adomahou du Cos-Lépi

L’investigateur 5/03/2020 à 22:10

Dans une lettre datant du 02 mars 2020, le président du parti Restaurer l’Espoir, Candide Azannaï a répondu à la correspondance du 24 février à lui adressée par le président du Cos-Lépi Jérémie Adomahou. Saisi par Lettre n° 090-20/COS-LEPI/PR/Rap/SP du 24 février 2020 aux fins de faire diligence pour la « délivrance de récépissé aux requérants, candidats aux élections communales et municipales du 17 mai 2020 », Candide Azannaï dans son argumentaire, a estimé que le Cos-Lépi dans sa configuration actuelle est illégale.

Lire sa réponse au président du Cos-Lépi

PARTI RESTAURER L’ESPOIR
(R.E.)
BP : 1796- Tél : (229) 95 95 94 01
COTONOU
Le Président
À
Monsieur le " Président du COS-LEPI"

COTONOU

Objet : Délivrance de récépissé aux requérants, candidats aux élections communales et municipales du 17 mai 2020.

Référence : Lettre n° 090-20/COS-LEPI/PR/Rap/SP du 24 février 2020

Monsieur le "Président",

Par lettre ci-dessus référencée, vous m’avez saisi aux fins de vous transmettre la liste des militants du parti RE, candidats aux élections municipales et communales du 17 mai 2020 afin que vous puissiez leur délivrer chacun, un récépissé qui atteste qu’ils sont inscrits sur la Liste Électorale Informatisée (LEPI). Ladite opération se justifierait selon vos affirmations par les dispositions de l’article 39 de la loi n° 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral.

En réponse, j’ai l’honneur d’attirer votre attention sur trois (03) faits importants au moins qui permettent au parti RE de n’accorder aucun sérieux, aucun crédit à tous les actes qui sont posés par vous en qualité de président du COS-LEPI. Premièrement l’illégitimité et illégalité de la législature du Parlement qui a procédé à votre désignation ; deuxièmement, l’illégitimité et l’illégalité du COS-LEPI que vous présidez et enfin, l’essence inopérante des lois incongrues, illégales, scélérates et abjectes sur lesquelles vos missions, véritables ingénieries de fraudes électorales tirent leur fondement.

1. L’illégitimité et l’illégalité de la 8ième législature de l’Assemblée Nationale

La huitième législature n’existe que de façon virtuelle. C’est un parlement qui est l’ombre de lui-même avec quatre-vingt-trois (83) individus, tous imposés par le recours à la force et à l’utilisation criminelle des armes à feu par le Président de la République. C’est malheureusement ce parlement de sang, monochrome d’où a été exclue toute l’Opposition politique qui a procédé à votre triste désignation en qualité de membre du COS-LEPI, une grave aberration, un honteux déni de la démocratie et de l’Etat de droit.

L’illégalité du Parlement vient de la violation des dispositions de la Constitution du 11 décembre 1990. Il s’agit d’une part, du premier tiret de son préambule qui précise que nous « réaffirmons notre opposition fondamentale à tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice, la corruption, la concussion, le régionalisme, le népotisme, la confiscation du pouvoir et le pouvoir personnel » et à l’article 3 al. 1 qui dispose que « la souveraineté nationale appartient au Peuple. Aucune fraction du Peuple, aucune communauté, aucune corporation, aucun parti ou association politique, aucune organisation syndicale ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice », d’autre part.

Le pouvoir dit de la rupture, en s’accaparant des quatre-vingt (83) sièges de députés et en les affectant à ses deux (02) formations politiques siamoises à savoir : le Bloc Républicain (BR) et l’Union Progressiste (UP), toutes instiguées par le Président Patrice TALON, s’est mué en une véritable dictature par la confiscation du pouvoir législatif. Les 83 individus ne sont qu’une faction du peuple, représentants un seul parti en double totalement soumis au Président de la République, une incohérence qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde sinon qu’au Bénin.

En plus, les 83 individus ne tiennent pas leur légitimité du peuple. Malgré la caporalisation du pouvoir, la peur distillée partout et des morts à la clé, ces "fakes députés" valent moins de 10% du corps électoral. Un score inédit vous vous rappelez pour un gouvernement qui tient toutes les ficelles des institutions de la République.

En définitive, ce parlement rejeté par tout le peuple, illégitime et illégal, ne peut vous désigner, de même que vos paires.

La plupart des missions internationales d’observation des élections ont boycotté la parodie électorale du 28 avril 2019. La CEDEAO, l’UA, l’ONU, la Francophonie, l’UE, les USA n’avaient envoyé aucune mission d’observation digne de ce nom et s’étaient désolidarisés de la mascarade électorale des législatives d’exclusion devenue meurtrière pour la première fois depuis l’avènement du Renouveau Démocratique.
Quid de l’illégitimité et de l’illégalité du COS-LEPI ?

2. L’illégitimité et l’illégalité du COS-LEPI

Installé le 06 septembre 2019, le COS-LEPI tire son existence juridique de la loi n° 2018-31 du 09 octobre 2018 portant Code électoral en République du Bénin.

L’article 137 al. 1 de ladite loi dispose que « le Conseil d’orientation et de supervision est composé de onze (11) membres désignés comme suit :
• cinq (05) députés de la majorité parlementaire ;
• quatre (04) députés par la minorité parlementaire ;
• du directeur général de l’Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique ;
• du directeur du service national en charge de l’état civil ».
En votre âme et conscience qui est l’opposition et qui est la mouvance présidentielle parmi vous qui êtes imposés au Palais des Gouverneurs siège de l’Assemblée Nationale ? Et vous personnellement qui représentez- vous ?

Cette composition du COS-LEPI telle que définie par le législateur est foulée aux pieds par l’Exécutif actuel et le Parlement virtuel acquis à sa cause. Son appétit vorace de caporalisation de tous les pouvoirs l’a conduit à ignorer la loi. En écartant tous les partis de l’opposition aux dernières élections législatives d’avril 2019, le Président de la République s’est déconnecté des principes de la Démocratie et de l’État de droit. Or, la démocratie représentative exige qu’au sein du parlement, on ait une majorité parlementaire et une minorité parlementaire soient dites une mouvance présidentielle et une opposition parlementaire. Toute chose contraire n’est rien d’autre que de la dictature. Neuf (09) des membres du COS-LEPI proviennent des deux (02) partis siamois du Chef de l’Etat. Le reste des structures sous - tutelle du Gouvernement. Autrement dit, les 100% de l’actuelle composition du COS-LÉPI sont désignés par une seule faction politique, celle du Président de la République Monsieur Patrice TALON.

Une telle composition du COS-LEPI est contraire à la lettre et à l’esprit de la loi. Par conséquent, il s’agit d’un accaparement du fichier électoral que vous manipulez à la guise de vos mandataires. Comme vous le constatez , votre institution ne tire aucun fondement de la loi, d’où votre illégalité.

Quant à l’illégitimité de votre institution, elle n’est que la continuité de l’illégitimité de l’Assemblée Nationale dont vous êtes l’appendice.

Il en découle que le parti RE ne pourrait donc plus continuer à échanger des courriers avec votre institution tant que la désignation des membres serait contraire à la loi et sa légitimité remise en cause.

Enfin, les opérations d’apurement et d’actualisation de la liste électorale sont si délicates et sérieuses, qu’elles ne pourraient en aucun cas être laissées à votre groupuscule.

3. Le rejet des lois inopérantes, scélérates, abjectes et crisogènes

L’instabilité législative qui caractérise l’organisation des élections à travers des lois électorales taillées sur mesures et destinées à faire gagner un seul camp qui refuse la compétition loyale et démocratique, ne cesse de plonger notre pays dans l’abîme. Il s’agit entre autres des lois suivantes :
a. loi n° 2019-45 du 25 novembre 2019 portant statut de l’opposition en République du Bénin ;
b. loi n° 2019-43 du 15 novembre 2019 portant Code électoral ;
c. loi n° 2019-41 du 15 novembre 2019 modifiant et complétant la loi n° 2018-23 du 17 septembre 2018 portant Charte des partis politiques en République du Bénin ;
d. loi n° 2019-40 du 07 novembre 2019 portant révision de la loi n° 90-32 du 11 décembre 1990 portant Constitution de la République du Bénin ;
e. loi n° 2018-23 du 17 septembre 2018 portant Charte des partis politiques en République du Bénin ;
f. loi n° 2018-31 du 08 octobre 2018 portant Code électoral en République du Bénin ;
g. la loi n° 2017-20 du 20 avril 2018 portant Code du numérique en République du Bénin ;
h. la loi portant code pénal en République du Bénin.
Monsieur le "Président",

Au regard de tout ce qui précède, le parti RE ne peut nullement s’associer à l’apurement et à l’actualisation de la LEPI que vous opérez actuellement dans l’obscurantisme total. Votre demande de liste des militants du parti RE, candidats aux élections communales et municipales du 17 mai 2020 aux fins de la délivrance d’un récépissé est irrecevable, nulle et non avenue.

Le parti RE n’a aucune reconnaissance du COS-LEPI dans sa composition actuelle et dans tous les actes qu’il pose.

Votre illégitimité et votre illégalité sont patentes.

Je vous prie de recevoir, Monsieur le "Président", mes salutations distinguées.
Cotonou, le 02 mars 2020

Candide Armand Marie AZANNAÏ




 
 

 
 
 

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