Entretien avec le Roi d’Agoué

« Nous sommes venus pour mettre fin au désordre »

Appolinaire GOLOU 17/01/2019 à 09:36

A la faveur de la célébration de la fête du 10 janvier, le roi d’Agoué, Sossa Folly-Awon Danhouénou s’est confié à la rédaction de notre journal. Profitant de l’occasion, il a fait le tour de l’actualité relative au fonctionnement du palais d’Agoué avant d’opiner sur ce que représente pour lui, la fête du vodoun. L’homme s’est librement exprimé et souhaite que les prochaines élections législatives se passent dans la paix et la tolérance

L’Investigateur : Quelles sont les richesses culturelles de votre royaume ?
Sossa Folly-Awon Danhouénou : Les richesses sont nombreuses. Il s’agit d’un vieux royaume qui a plus de 300 ans d’existence et la ville d’Agoué quant à elle, 600 ans d’existence. C’est ici à Agoué que le premier traité entre la France et l’Afrique a été signée. Par ailleurs, la première église catholique, la seule de toute la région ouest-africaine a été implantée ici en 1846 et c’est ici que les premiers missionnaires ont découvert le Dahomey à partir de la ville d’Agoué. Ce qui sous-entend que l’histoire de cette ville historique, immense et dense.
Quelle est la place du Vodoun dans votre royaume ?
Le vodun occupe une place primordiale, parce qu’il s’agit de notre culture. C’est vrai qu’on l’a exporté et aujourd’hui, on parle du vodun au Brésil, en Haïti, en Guadeloupe et un peu partout dans le monde. Moi, en ce qui me concerne, je suis très honoré lorsqu’on en parle parce que d’aucun pensent, à tort que le Vodoun est une entité qui sert à nuire. C’est faux ! Le Vodoun, c’est l’arbre à travers lequel on peut soigner : avec l’écorce, les racines, les feuilles… ; en un mot, un arbre vertueux. Pour établir le parallélisme, il faut dire que c’est toujours avec cet arbre que le Blanc fabrique les médicaments qui nous soignent. En résumé, le Vodoun c’est la protection, une divinité dont chacun de nous a besoin. Les vodounons prient au même titre que les pasteurs pour une nation, un continent, le monde entier et leurs prières portent leurs fruits. Je dirai que le Vodoun occupe une place primordiale, et en Afrique ce sont nos indéniables traditions.
Quelles significations accordez-vous à la célébration de la fête du 10 janvier ?
Il faut d’abord se dire que c’est une fête nationale ; ce qui suscite une ferveur et le flux des touristes qui s’intéressent à notre culture en témoigne. L’édition de cette année 2019 incarne l’union entre les fils et filles autour d’un même objectif : la paix. A l’orée des échéances qui arrivent, nous têtes couronnées sommes là pour prier pour nos chefs d’Etats africains, pour la paix et que tout se passe dans le calme. Certes, nous sommes assis sur des trônes qu’avaient occupés nos grands-parents qui ne vivent plus, mais ils passent par nous pour lancer un message. Alors, si nous nous retrouvons aujourd’hui avec nos frères et sœurs, c’est toujours sur cette parole d’harmonie, de paix et de compréhension que nous jouons. Si quelqu’un piétine son prochain, l’autre doit forcément lui demander pardon et on redevient comme on était. Dans tous les cas, on a déjà consulté pour l’année et chacun sais ce qu’il en ressort. Il s’agit d’une année de paix et habituellement les années impaires apportent toujours quelques de meilleurs que les années paires. Cela ne date pas d’aujourd’hui, cela a été démontré.
Quels sont les chantiers sur lesquels faudrait-il travailler pour faire rayonner le royaume ?
Les chantiers sont nombreux. Il y en a qui pensent qu’un roi est celui là qui vient résoudre tout en un temps record. Or, le roi a beaucoup plus à faire. Il a besoin de réguler, de parfaire ce qui peut l’être, d’intervenir dans tous ce qui est endogène culturel et cultuel ; de résoudre les problèmes d’adultère s’il y en a ; gérer la cité en bon père, encourager le dialogue lorsqu’il y a problème dans un foyer, dans une famille et tous les vodunons ont le devoir de s’y atteler. Un roi ne vient pas pour encourager le désordre et nous nous sommes venus pour mettre fin au désordre. Je tiens à rappeler que j’ai été intronisé régulièrement le 1er mars 2015. En temps que mécène, je ferai d’autres gestes pour encourager les valeurs culturelles, des investissements pour le développement de la ville d’Agoué qui n’a pas de supermarché, les collèges et écoles primaires n’ont pas de latrines, pas d’eau potable ; c’est dire donc qu’il y a beaucoup à faire. Si Dieu nous prête vie et nous donne les moyens, je tiens à rappeler que ce n’est pas une obligation, mais nous allons apporter notre contribution. Un roi n’est pas un député qui doit œuvrer pour l’aboutissement des projets devant permettre à sa circonscription de se développer. Pour nous les rois, ce n’est pas une obligation parce qu’à l’époque ce sont les populations qui nourrissaient les rois mais aujourd’hui c’est le contraire. Tout le monde est debout et temps la main au roi or nous ne devons pas confondre le trône d’un roi à un poste ministériel. Le ministre est payé mais le roi ne l’est pas.
Votre mot de la fin
J’exhorte les fils et filles de la ville d’Agoué à cultiver l’amour du prochain. Ce n’est qu’à travers l’union et le sérieux que nous allons révéler notre richesse culturelle.

Propos recueillis par la Rédaction




 
 

 
 
 

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