Bénin

Prix des denrées alimentaires : la rareté des pluies n’est pas forcément la cause de la hausse

L’investigateur 12/06/2021 à 14:00

La cherté des denrées alimentaires, due à la rareté des pluies selon le porte-parole du gouvernement, Wilfried Léandre Houngbédji, pourrait être due à autre chose, selon Claude Urbain Plagbéto, journaliste à La Nation. A travers un post sur sa page facebook, il a démontré plutôt que le phénomène (cherté des denrées alimentaires), est la conséquence de l’effet domino de la politique fiscale. Lire son argumentaire.

Hausse des denrées de première nécessité : N’est-ce pas l’effet domino de la politique fiscale ?
Comment l’absence de pluies à la nouvelle saison peut déjà influer sur les prix des denrées alimentaires récoltées il n’y a pas si longtemps ? Non !!! Certes, nous sommes en période de soudure avec d’habitude une légère hausse des prix, mais l’inflation sauvage à laquelle on assiste depuis quelques semaines n’émane pas d’une exagération spontanée de la demande à ce que je sache, encore moins de la diminution brutale de l’offre. Surtout qu’on nous a dit qu’une nouvelle fois, les records de productions vivrières ont été battus au cours de la dernière campagne agricole (2020-2021), en dépit de la Covid-19. Regardons les chiffres !
La production des céréales est passée de 2 177 787 tonnes en 2019-2020 à 2 237 186 tonnes, soit une progression de 2,7 % (Source : Maep). Celle des racines et tubercules est chiffrée à 8 086 204 tonnes en 2020-2021 contre 7 955 450 tonnes une campagne plus tôt, soit une hausse de 1,6 %. La quantité de légumineuses produites est de 593 349 tonnes à la nouvelle campagne contre 583 668 tonnes au cours de la précédente, soit une augmentation de 1,7 %. En ce qui concerne les cultures maraîchères, la production connaît une hausse de 1,6 % en passant de 706 346 tonnes à 717 897 tonnes en 2020-2021.
C’est dire que les productions agricoles se sont accrues, malgré la crise sanitaire et économique qui a affecté la mobilité des personnes, l’accès à la main-d’œuvre en provenance des pays limitrophes, l’assistance aux producteurs.
Si les productions de céréales, de légumineuses, de racines et tubercules et de cultures maraîchères se sont accrues respectivement de 2,7 %, 1,7 %, 1,6 % et 1,6 %, cela veut dire que le problème ne se situe pas forcément au niveau de l’offre.
Alors voyons du côté de la demande des produits ! S’il n’y a pas eu boum de la population béninoise, alors des sorties massives du territoire national peuvent être à la base de la situation. Remarquons que la hausse générale des prix coïncide avec la réouverture depuis quelques semaines des frontières du Nigéria, le géant voisin de l’Est (avec plus de 200 millions d’habitants) qui partage plus de 700 km de frontières - déjà très poreuses - avec le Bénin.
Mais au-delà des sorties massives frauduleuses des cultures, l’autre paramètre fondamental, c’est le prix de leur cession qu’il faut voir de près. Si les commerçants grossistes doivent tous délivrer une facture normalisée (donc avec TVA) et que les détaillants sont aussi astreints à la réforme …plus tous les autres impôts et taxes, les prix ne peuvent que grossir au fur et à mesure que des intermédiaires greffent le circuit de distribution avant que les produits n’atterrissent dans le panier de la ménagère. La hausse vertigineuse des prix des denrées de première nécessité, peut bien être l’effet domino, le corollaire, la résultante de la nouvelle politique fiscale.
C’est ce que je crois.
C. U. P.



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