Santé : 5 idées dangereuses sur l’aspirine à oublier d’urgence

Société

6 juillet 2025 Claudia E. Dianou Temps de lecture estimé : 3 mn

Souvent utilisée sans prescription, l’aspirine est perçue comme une solution simple et efficace pour prévenir ou soulager différents maux. Mais derrière sa banalisation, ce médicament peut s’avérer dangereux s’il est mal employé. Le cardiologue Dr Kamel Lafia tire la sonnette d’alarme et démonte cinq idées reçues qui circulent encore trop souvent.

L’aspirine est l’un des médicaments les plus connus et les plus accessibles dans le monde. Disponible en pharmacie sans ordonnance, elle est fréquemment présentée comme une sorte de « remède miracle », capable de soulager les douleurs, de prévenir les accidents cardiovasculaires ou encore de « fluidifier le sang ». Mais pour Dr Kamel Lafia, cardiologue, cette perception est non seulement erronée, mais potentiellement dangereuse, voire mortelle en cas de mauvaise utilisation. Voici 5 fausses croyances à bannir d’urgence pour éviter des erreurs lourdes de conséquences.

1. « L’aspirine, c’est pour tout le monde » : Faux et risqué
Ce médicament n’est pas un bonbon préventif. L’aspirine possède des usages médicaux très précis, qui varient selon le dosage et l’indication : traitement de la douleur, prévention cardio-vasculaire, ou encore traitement d’affections inflammatoires. En prendre sans diagnostic médical revient à jouer avec sa santé. Comme le rappelle Dr Lafia, « si tu n’as jamais eu de problème cardiaque, tu n’as aucune raison d’en prendre ».

2. « Ça fluidifie le sang donc c’est forcément bon » : Attention au piège
Oui, l’aspirine fluidifie le sang, mais ce n’est pas toujours une bonne chose. Lorsque le sang devient trop fluide, le risque d’hémorragie interne augmente considérablement : saignements gastriques, hémorragies cérébrales… Des situations graves qui peuvent survenir sans symptôme visible. « Tu peux saigner dans l’estomac en silence, pendant ton sommeil », alerte le médecin. L’aspirine, mal utilisée, peut causer des dégâts majeurs sur les parois de l’estomac, allant parfois jusqu’à favoriser le développement d’ulcères.

3. « Dès que j’ai des palpitations, je prends une aspirine » : Mauvaise idée
Les palpitations cardiaques peuvent avoir de nombreuses causes : stress, troubles du rythme, anémie, troubles hormonaux, etc. L’aspirine n’est pas un traitement universel. Se soigner à l’instinct ou sur les conseils d’un proche, d’une vidéo TikTok ou d’un groupe WhatsApp, c’est risquer de masquer un problème grave ou d’en créer un nouveau. Seul un professionnel de santé peut poser le bon diagnostic.

4. « Ça protège contre l’AVC, donc j’en donne à mes proches » : Grave erreur
La confusion est fréquente, mais tous les AVC ne sont pas traités par l’aspirine. Certains AVC sont hémorragiques, et dans ces cas-là, la prise d’aspirine peut aggraver la situation et causer des dommages irréversibles. Donner de l’aspirine à un proche sans avis médical, « juste parce que toi aussi tu en prends », est une erreur dangereuse. Chaque cas médical est unique.

5. « Toutes les personnes âgées en prennent, donc moi aussi » : Non, ce n’est pas systématique
Le fait d’être âgé n’implique pas automatiquement un traitement à base d’aspirine. Ce médicament est parfois prescrit aux seniors souffrant de pathologies cardiovasculaires identifiées, avec un suivi strict. Mais chez une personne en bonne santé, sans indication particulière, l’aspirine peut faire plus de mal que de bien. « Tu veux copier les personnes âgées ? Alors va aussi faire ton bilan cardiaque et ton test d’ulcère », ironise Dr Lafia.

Comme le rappelle le cardiologue, les dégâts causés par une mauvaise utilisation de l’aspirine sont réels : ulcères, vomissements de sang, saignements digestifs, complications cardiovasculaires... Et pourtant, tout cela pourrait être évité par une meilleure information. Dr Kamel Lafia conclut avec un appel à la prudence : « Ce n’est pas parce que c’est accessible que c’est sans danger. L’aspirine peut sauver, mais mal utilisée, elle peut tuer. »

Le bon réflexe est de toujours demander l’avis d’un professionnel de santé avant de commencer ou de recommander un traitement. L’automédication reste l’un des grands ennemis silencieux de notre santé.