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Soudan : un accord pour le déploiement des troupes de l'ONU sur le territoire après le coup d'Etat d'Octobre ?

L’investigateur 17/06/2022 à 12:47

Selon des sources fiables, le commandant de l’armée soudanaise et chef du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, a conclu un accord avec les représentants de Washington et de Riyad, autorisant l’entrée des forces de maintien de la paix des Nations unies sur le territoire soudanais, en échange d’un soutien et d’une immunité.

Une coalition de forces civiles et une composante militaire se sont rencontrées au Soudan pour la première fois depuis le coup d’État du 25 octobre 2021. La réunion a été organisée par les deux puissances, les États-Unis et l’Arabie saoudite, représentées respectivement par la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, et l’ambassadeur Ali bin Hassan Jafar.
Les échanges informels, qui se sont déroulés en marge du processus politique désormais suspendu sous les auspices des Nations unies et de l’Union africaine, avaient pour but d’échanger des points de vue sur la manière de résoudre la crise politique actuelle dans le pays.
La réunion entre les civils et les militaires au pouvoir a eu lieu quelques jours seulement après que la coalition politique a annoncé le boycott des négociations avec les militaires, organisées conjointement par la Mission intégrée des Nations unies pour l’assistance à la transition au Soudan (UNITAMS), l’Union africaine et l’Autorité intergouvernementale pour le développement de l’Afrique de l’Est (IGAD). Malheureusement, les pourparlers, supervisés par les États-Unis et l’Arabie saoudite, n’ont abouti à aucun résultat.

Un accord avec les États-Unis en contournant les négociations

Au lieu d’essayer d’amener les adversaires civils et militaires à la table des négociations, la secrétaire d’État adjointe aux affaires africaines, Molly Phee, a suggéré au chef du Conseil de souveraineté, Abdel Fattah al-Burhan, de conclure un accord - autorisant l’introduction d’un contingent militaire de l’ONU sur le territoire soudanais en échange de l’immunité politique, du maintien du statut de chef d’État et d’un soutien pour affronter la force militaire rivale dans le pays - Les Forces de soutien rapide (FSR), dirigée par Mohamed Hamdan Dogolo. On a appris aujourd’hui que Al Burhan avait accepté un accord et que le processus d’introduction des forces de maintien de la paix de l’organisation sur le territoire soudanais, conformément au chapitre VII de la Charte des Nations unies, commencera bientôt. Quelles conséquences cela aura-t-il pour le Soudan, qui est depuis longtemps en proie à une guerre politique et qui est également confronté à de graves crises économiques et sociales ?

Que peut attendre le Soudan ?

Si les troupes de l’ONU sont déployées, il y aura une réduction massive de l’armée soudanaise, qui entraînera à son tour une perte de facto de sa propre composante militaire professionnelle. Le budget de la défense du pays sera également réduit en conséquence. Autrement dit, il s’agira d’un Soudan disposant de peu d’argent pour sa défense et d’un nombre minimal de ses propres troupes.
Il y aura des observateurs internationaux (occidentaux) sur les sites de défense et les complexes militaro-industriels, qui auront un pouvoir évident pour décider du sort du complexe militaro-industriel. La participation d’observateurs étrangers dans un large spectre de domaines de la vie soudanaise augmentera considérablement. Si nous regardons l’histoire, nous pouvons constater que lorsque les forces occidentales arrivent en Afrique, elles ne cherchent pas à protéger ou à améliorer les conditions des citoyens du pays où elles sont arrivées, mais à obtenir une nouvelle zone d’influence afin de promouvoir leurs propres intérêts.

L’expérience amère des voisins

Les habitants de la RCA peuvent très bien imaginer l’avenir des Soudanais - les crimes commis par les soldats de la paix, leur sens de la permissivité. La mission principale des casques bleus en RCA était de stabiliser la situation et de protéger les civils, mais au fil des ans, cette mission n’a pas été accomplie. En outre, les casques bleus eux-mêmes ont commencé à agir autrement. Les médias ont été remplis de reportages sur les preuves de la collaboration des casques bleus avec les combattants-terroristes, les accidents de la route constants qui ont causé la mort de civils.
De plus, il ne faut pas oublier que l’ONU envoie ses troupes sur le territoire, elle ne les retirera pas, même si les citoyens sortent pour protester. Les habitants de la RCA demandent depuis des années le retrait immédiat du mandat de la MINUSCA et une réduction de la présence de l’ONU, mais les casques bleus sont toujours présents. Le 22 août 2021, des civils du village de Bandiba ont également bloqué la route menant à la MINUSCA, mais tout bien considéré, où est la garantie que l’ONU n’a pas déjà commencé à construire sa base au Soudan ?
En résumé, le tableau qui se dessine ne sera sans doute pas reluisant. A moins d’une surprise.




 
 

 
 
 

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