Bénin

Talon, sa cellule de plaintes et dénonciations saisie pour une mafia foncière à Tori-Avamè

L’investigateur 28/02/2022 à 13:13

Les populations de Tori-Avamè sont-elles des damnés de la terre ? La question mérite bien d’être posée au regard des difficultés auxquelles elles sont actuellement confrontées du fait des Hommes. En effet, après avoir subi, le 15 septembre 2016, les supplices du feu dont les séquelles restent encore indélébiles sur des rescapés et les familles des disparus, les voilà à nouveau dans une sinistrose due au siphonnage de leur territoire par une collectivité appelée Tchin basée à Hêvié, Commune d’Abomey-Calavi.

Se fondant sur le jugement No 165 Bis, en date du 14 novembre 1970 rendu par la Chambre de Droit Traditionnel du Tribunal de Première Instance de Première Classe de Cotonou (jugement contesté) et en dépit de l’ordonnance en date du 16 août 2016 rendue par le Juge d’instruction du Deuxième Cabinet du Tribunal de Première Instance de Première classe d’Abomey-Calavi, fixant des mesures conservatoires sur ledit domaine, cette collectivité, avec des complicités à des niveaux les plus insoupçonnables, organise l’invasion progressive des domaines de plusieurs centaines d’hectares. Seulement au titre d’octobre 2015, des titres fonciers d’une contenance de plus de 679 hectares, ont été délivrés et enregistrés au Journal Officiel sur le domaine.

Le litige porte sur des milliers d’hectares (’plus de 2000 hectares"), racontent certaines sources). Un domaine revendiqué par la Commune de Tori, via le village Massètomè (arrondissement de Tori-Avamè), frontalier à Hêvié (arrondissement d’Abomey-Calavi). Les biens immeubles des villageois, avec l’aide d’un fils du terroir, sont morcelés, vendus, parfois titrés et identifiés par l’implantation tous azimuts de plaques d’immatriculation, sous haute surveillance sécuritaire. Les villageois, sans armes, n’ont que leurs yeux pour pleurer.

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Toutes les tentatives pour arrêter la saignée, sont restées vaines ; du moins nulles et de nul effet. Tenez pour vous en convaincre : par correspondance en date du 11 novembre 2021 et référencée sous le No 2/22/1223/C-TB/SG/SAG/SADE/ 2021, Rogatien Akouakou, Maire de la Commune de Tori-Bossito, a adressé une lettre au Préfet du Département de l’Atlantique pour lui présenter le tableau ’’des problèmes fonciers persistants dans l’arrondissement d’Avamè avec la famille Tchin de Hêvié’’. Dans ladite correspondance, il est mentionné à l’entame ce qui suit : ’’... Dès ma prise de fonction à la Commune, il m’a été donné de constater que des individus organisés en bandes, procèdent régulièrement à des morcellements et ventes de plusieurs domaines pourtant présumés appartenir aux populations de Tori- Avamè..." Comme si cela ne suffisait pas pour attirer l’attention de l’Autorité de tutelle sur une situation explosive qui se prépare, le Maire poursuit dans sa correspondance : ’’... Après avoir fait le malheur des populations dans d’autres localités Ouèdo et Hêvié notamment, ce groupe d’individus a donc jeté son dévolu sur la Commune de Tori-Bossito par la localité de Tori-Avamè, suscitant de multiples troubles à l’ordre public du fait de la spoliation des paisibles populations de leurs biens immeubles par des manœuvres de manipulation et de transposition de documents fonciers, histoire d’aboutir à l’établissement de titres fonciers manifestement frauduleux, avec la complicité technique des géomètres à leur solde, documents sur la base desquels ils procèdent alors à des bornages à leur profit..."

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Par ailleurs, par procès-verbal de constat d’huissier comportant interpellation en date du 22 janvier 2021, il a été relevé qu’en dépit de la mesure d’interdiction de toute cession de parcelles relevant du domaine querellé, " des membres de la collectivité TCHIN procèdent allègrement à des ventes de parcelles relevant dudit domaine à de tierces personnes". Ils envahissent ledit domaine pour des opérations foncières accompagnés de géomètres.

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Or, l’affaire est toujours pendante devant le Tribunal de première Instance de deuxième classe d’Abomey-Calavi et évolue sous le numéro du Parquet CALA/2016/RP/02064 et le numéro d’instruction CAB2/2016/000017. Ne sachant plus à quel Saint se vouer, les populations de Tori-Avamè ont récemment projeté une marche pour exprimer leur ras-le-bol. Mais cette initiative a été étouffée par les autorités politico-administratives. À juste titre, parce que nul n’a le droit de se rendre justice. L’autorisation de cette marche ne leur a pas été accordée par la Mairie. Pendant ce temps, la spoliation du domaine se poursuit à grande échelle. Des titres fonciers y sont délivrés tous azimuts.

Ce qu’il faut suggérer aux populations de Tori-Avamè, en lieu et place d’un soulèvement populaire, c’est de déférer cette affaire devant la Cellule d’analyse et de traitement des Plaintes et Dénonciations (CPD), Cellule que le Chef de l’État, homme de paix, d’équité et de justice sociale, a eu l’ingénieuse idée de créer et de rattacher à la Présidence de la République. Il urge de saisir la CPD pour que le cri de détresse de ces populations meurtries, parvienne au Chef de l’Etat. À suivre...




 
 

 
 
 

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