Bénin/Ouémé

Bonou : un ancien cadre de la mairie adresse une lettre ouverte à Talon

L’investigateur 1er/06/2020 à 20:17

Un cadre de la commune de Bonou vient d’adresser une lettre ouverte au président de la république Patrice Talon. Occasion pour lui de mettre le doigt sur les problèmes qui minent le développement de cette localité. « Le phénomène de la mauvaise gouvernance s’est régulièrement accru et les rapports d’activités présentés par les différents maires ont très souvent été en déphasage avec les réalités observables sur le terrain », a-t-il écrit.

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Cotonou, le 30 mai 2020

KOUTCHIKA Zanmènou
Ex Secrétaire Général de la Mairie de Bonou

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE

Monsieur le Président de la République,

Je voudrais vous dire toutes mes félicitations pour l’ingéniosité dont vous faites constamment montre dans la mise en œuvre, depuis votre accession à la magistrature suprême de notre pays, de votre Programme d’Action du Gouvernement (PAG).

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Votre gouvernance a ceci de particulier que tout semble finalement vous réussir : le règlement des conflits chroniques internes à certaines confessions religieuses, l’installation des six nouveaux chefs-lieux de départements, la révision apaisée de la Constitution, la réforme du système partisan et surtout, l’organisation le 17 mai dernier, des élections communales et municipales dont le processus d’installation des Conseils Communaux et Municipaux est actuellement en cours.
A cet effet, je voudrais ici me faire le devoir d’attirer votre attention sur le cas particulier de ma commune d’origine : la commune de Bonou.

Monsieur le Président de la République,

La Commune de Bonou est l’une des plus pauvres de notre pays. C’est d’ailleurs cet affligeant statut qui a déterminé son choix pour bénéficier du Projet Commune du Millénaire de Bonou pour un développement durable (PCM-Bonou) en 2015 ; I’ étude diagnostique conjointement réalisée dans ce cadre en août 2015 par le gouvernement du Bénin et le Programme des Nations Unies pour le Développement, a entériné cet état de chose en stipulant que « De toutes les formes de pauvreté dans la Commune, celle monétaire est prépondérante… »

Cette situation n’est en fait que le corollaire de la décentration au niveau local, de la mauvaise gouvernance depuis la première mandature des Conseils Communaux et Municipaux.

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En dépit des actions de veille citoyenne dans la commune de Bonou, le phénomène de la mauvaise gouvernance s’est régulièrement accru et les rapports d’activités présentés par les différents maires ont très souvent été en déphasage avec les réalités observables sur le terrain. C’est ainsi que dans son rapport intitulé : REALISATIONS DU CONSEIL COMMUNAL DE BONOU, PERIODE DE GESTION DU 12 JUIN 2012 AU 12 OCTOBRE 2014 SOUS LA DIRECTION DU MAIRE Isidore D. ZINSOU, il était indiqué que les travaux d’aménagement de la place publique de Bonou et des stades municipaux des arrondissements de Bonou et d’Affamè, dans la commune de Bonou ont été réalisés… »

Cette pratique s’est perpétuée avec les Conseils qui se sont succédé à partir de 2015. Il faut dire que les populations ont été si vigilantes qu’elles ont depuis lors, définitivement refusé leur suffrage à ce maire.

A partir de 2015, la mauvaise gestion a été érigée en mode de gouvernance avec des acteurs clés comme les maires Alexandre ZANNOU, Emmanuel ZOUNMENOU, Julien AFOHOUNHA et leur Chef Service Affaires Financières et Administratives (CSAF) : ce qui m’a inspiré une plainte contre tout les Conseils Communaux de la période de 2015 à 2020 à la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (CRIET), plainte enregistrée sous le n°CRIET/2019/RP/00492 du 24/7/19 et affectée à la Brigade Economique et Financière sous la référence ST n°544/CRIET/SP au chargé de la BEF.

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Depuis le 15 décembre 2014, une plainte pour détournement de subvention destinée aux groupements de femmes d’Affamè a été déposée par mes soins contre le sieur Pascal TODJINOU et l’instruction est malheureusement toujours en cours au cabinet du cinquième juge d’instruction au Tribunal de Cotonou.

Monsieur le Président de la République,

Depuis quelques jours, les sieurs Pascal TODJINOU, Isidore ZINSOU et Alexandre ZANNOU ont ouvert des tractations en vue de la désignation des candidats de l’Union Progressiste (UP), parti ayant obtenu la majorité absolue des sièges (7/13) aux fonctions de Maire et de ses deux adjoints pour la commune de Bonou. Dans ce cadre, ils ont organisé une réunion des Conseillers élus de l’UP le 23 mai 2020 à l’hôtel Ayélawadjè appartenant au sieur Isidore ZINSOU à Porto-Novo.

Cette initiative, venant de ces personnes très peu crédibles et contre lesquelles des procédures judiciaires sont en cours pour détournements de deniers publics, est éminemment suspecte et viserait, selon les populations, à introniser des élus habitués aux magouilles et aux malversations financières, des responsables communaux manipulables qui ne vont qu’affiner leur technique de prédation des maigres ressources de ma commune. Je dois signaler que l’une des promesses phares faites aux populations, et qui rentre dans la droite ligne de vos combats quotidiens, est la moralisation de la vie publique au niveau de la commune de Bonou pour enfin amorcer le développement de la commune de Bonou et sortir les populations de l’extrême pauvreté dont le PCM-Bonou n’est pas parvenu à les extirper.

Monsieur le Président de la République,

Conformément à vos nobles ambitions pour le développement intégral de notre pays, les sieurs Pascal TODJINOU, Alexandre ZANNOU et Isidore ZINSOU (qui a d’ailleurs une nouvelle fois été battu à plate couture dans son propre arrondissement), devraient être tous disqualifiés pour conduire quelque négociation devant aboutir à la mise en place du Conseil Communal. Leur proximité avec les futurs responsables communaux est caustique et nuisible pour l’évolution de la commune.

De plus, tous ceux qui ont appartenu aux anciens Conseils Communaux et qui sont visés par ces différentes plaintes pour détournement des ressources de la commune, devraient être mis à l’écart des hautes responsabilités au niveau de la mairie de Bonou.

Il faut dire que certains des anciens conseillers réélus ont déjà totalisé au moins dix-sept ans de présence au Conseil Communal avec diverses responsabilités allant de maire au chef d’arrondissement : ils n’ont jamais pu travailler que pour leur propre enrichissement au détriment du progrès socio-économique des populations de Bonou.

Monsieur le Président de la République,

Il me semble que la philosophie qui sous-tend la Rupture, dont vous êtes le chantre, nous impose de tourner dos aux pratiques rétrogrades et anti-progressistes. Pour ce faire, en ce qui concerne la commune de Bonou, ma commune, il importe de changer de paradigme en renouvelant totalement la direction de la mairie : les anciens n’ayant que le pillage à nous proposer. Le vote exprimé par les populations de la commune de Bonou corrobore à merveille ma position, car sur les treize conseillers, elles n’ont renouvelé leur confiance qu’à une large minorité de cinq.

Ainsi, à moins de délibérément choisir de tomber de charybde en scylla dans l’involution de la commune, j’estime que le maire et ses adjoints ne devraient avoir jamais appartenu à aucun précédent conseil communal de Bonou,

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Monsieur le Président de la République,

Dans la perspective d’une nouvelle, jeune et dynamique direction à la mairie de Bonou, je voudrais humblement suggérer qu’il plaise à votre excellence, d’intervenir auprès des responsables de l’UP afin que la volonté clairement exprimée par les populations d’entièrement renouveler la direction de la mairie pour enfin mettre la commune de Bonou sur l’orbite du développement soit respectée. Nous menons déjà des actions en direction du Président de l’UP, mais apparemment, ses nombreuses sollicitations en cette période ne permettent pas qu’il soit suffisamment réactif sur le cas de Bonou.

J’ai bon espoir, Monsieur le Président de la République, que vous ferez une bonne réception de ma lettre et vous prie d’agréer, mes salutations patriotiques.

Zanmènou KOUTCHIKA




 
 

 
 
 

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