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Chronique du Docteur : Allochémè : l’HEURE DE LA BAGARRE

L’investigateur 17/10/2023 à 19:48

Il y a longtemps que je le dis. Si j’étais à la place de Boni Yayi, je positionnerais mon fils Chabi pour 2026. Il aura 40 ans cette année-là et pourrait facilement profiter de l’héritage politique de son père pour s’imposer. Ce qui s’est passé au congrès de Parakou ce week-end confirme qu’il y a quelque chose de ce genre qui se prépare.
Yayi devenu président en dégradant au passage Eric Houndété, accentue son face-à-face avec Talon. Et la période est bien choisie pour commencer la bagarre de 2026. Actuellement, la mouvance présidentielle est en pleine tourmente. La démission de Oswald Homéky n’en ajoute qu’à la confusion. Comment peut-on démissionner parce qu’on vous a rappelé à l’ordre ? Vous y croyez-vous ? Si vous y croyez, alors j’y crois aussi. Dans tous les cas, ça n’a pas l’air d’être la raison principale. Si vraiment le président de la République tenait à cette réforme du système partisan, il aurait simplement remplacé Homéky, membre du parti UP-R, par un autre membre affiché UP-R. Ce n’est pas ce qu’on a vu. Il l’a remplacé par un inconnu au bataillon des partis de la mouvance. Etrange façon de promouvoir la réforme du système partisan !
Avant même cette démission, le récent remaniement ministériel a vu l’arrivée de plusieurs ministres qui ne sont clairement pas des membres affichés des partis de la mouvance. Regardez bien. Si donc le gouvernement doit promouvoir la réforme du système partisan pour laquelle Homéky a été poussé à la sortie, pourquoi le chef de l’Etat ne fait-il pas cette promotion dans la composition de son équipe ? Evidemment, personne ne lui conteste le droit de nommer qui il veut quand il veut et comme il veut. Le problème, c’est qu’on parle de promouvoir une réforme que l’on foule aux pieds soi-même au vu et au su de tout le monde. Bien entendu, c’est leur problème ! De quoi je me mêle même ?
La vérité, c’est que Patrice Talon est devenu frileux sur les risques d’implosion de la mouvance, avec la cacophonie des ambitions pour 2026. Il y a Olivier Boco, Romuald Wadagni, Johannes Dagnon et Joseph Djogbénou qui se livrent des batailles souterraines dont nous recevons de temps en temps quelques flammes par ici. La démission de Homéky fait partie de ces flammes. S’afficher pro-Boco ou pro-un tel dans un gouvernement aujourd’hui est un risque. En fin de règne, tout chef d’Etat redoute la confusion créée par cette cacophonie des ambitions. En fin de règne, Mathieu Kérékou n’arrivait plus à contrôler les coups bas que se faisaient ses ministres constamment en campagne pour tel ou tel candidat. Boni Yayi avait fait le choix de Lionel Zinsou pour échapper à ces vendettas. Mais l’ancien premier ministre, comme l’on sait, a réuni contre lui une bonne partie de ceux qui, au sein de la mouvance, s’estimaient trahis par ce choix contre-nature. Ce fut un véritable bazar que Talon tente d’éviter, en faisant comprendre par le sermon contre Homéky. Le départ provoqué de l’ex-ministre, va au moins freiner les élans de tous ceux qui, au sein du gouvernement, seraient tentés par les mêmes velléités.
Mais voici qu’arrive la variable Yayi. En rétrogradant Eric Houndété, l’objectif est de l’humilier pour qu’il ne pense pas à 2026. Parce que Yayi le sait, Eric Houndété a aussi des ambitions. Et il est bien capable de les exprimer en claquant la porte. Il est vrai que la mainmise de l’ancien président sur le parti ne lui laisse qu’un rôle de figurant. Et donc en 2026, ce n’est pas lui qui sera choisi. Le message à ce niveau, est tout à fait limpide. Alors qui ? Il ne faut pas aller plus loin. Yayi fera comme Soglo, il misera sur son fils pour prendre sa revanche.
Nous ne sommes qu’au début du feuilleton. L’ancien président a eu le temps de jauger sa popularité restée intacte, y compris à Cotonou et environ. D’autant plus que l’actuel hôte de la Marina a horreur de sortir des lambris dorés de son palais. Yayi, lui, est constamment sur le terrain laissé vide. Appelez ça comme vous voulez : Yayi ne sait pas faire autre chose que du yayisme.

Par Dr Olivier Allochémè




 
 

 
 
 

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