Dans une chronique publiée sur son compte facebook, Codjo Florent Houndjo, lauréat du Grand prix littéraire du Bénin 2023, voit à travers l’arrestation du chroniqueur béninois Steve Amoussou alias Frère Hounvi, une faiblesse de l’opposition. Pour lui, en effet, « l’opposition n’a pas le niveau ». Voici l’intégralité de sa chronique.

Depuis plusieurs années, une voix mystérieuse a fait irruption dans le ciel noir de la rupture. Cette voix semblait exempte d’ancrage terrestre. Ses attaches paraissaient célestes surtout avec son ton ex cathedra et une érudition des dieux. La voix du « frère HOUNVI », en peu de temps, faisait l’unanimité. Elle était d’autorité ! Même les régimistes, rupturiens pur-sang, s’en délectaient sous cape, car la verve et l’éloquence du « Frère HOUNVI » étaient l’excipient qui adoucissait le fiel contenu dans les sujets qu’il abordait. Des critiques tout feu et tout flamme que seuls les esprits pouvaient se permettre dans la pénombre rupturienne.

« Frère HOUNVI », comme un « Chris Yapi » à ses heures de gloire, donnait l’impression d’un satellite implanté, par l’opposition béninoise, dans la lucarne de la Marina pour flasher en temps réel les moindres actions et décisions, surtout les plus suspectes. C’était vraiment une voix déstabilisante pour le pouvoir. Une voix qui donnait l’alerte et sonnait la mobilisation aux grands moments. Une voix qui donnait l’insomnie au Président au point de le faire douter de son cercle le plus proche ou le plus intime à cause des nombreux secrets qui se retrouvaient sur la place publique. Une voix d’or et magistrale qui, pendant plusieurs années, se sera substituée à une opposition politique poltronne, lâche et sans boussole.

Vous comprenez la stupeur qui s’abattit sur le peuple à la suite de l’annonce du kidnapping de celui-là même qui avait rang d’esprit dans les consciences collectives ! Stupeur car personne n’imaginait l’esprit « HOUNVI » à un jet de pierre de nous. Certes, on a coutume de dire que les dieux et les esprits sont nuit et jour à nos côtés, mais pas en chair et en os et dans la chambre à coucher a fortiori ; le Togo demeurant notre dortoir, malgré l’inimitié apparente des deux pouvoirs.

Maintenant que les masques sont définitivement tombés, et si on se posait les vraies questions : l’opposition politique béninoise a-t-elle pris attache avec le « Frère HOUNVI » ? Certainement, me diriez-vous ! Alors, pourquoi n’a-t-elle pas cru devoir lui apporter davantage de soutien et de sécurité ? Pourquoi une négligence aussi grave et fatale ? Pourquoi ? Cette opposition, ne sait-elle pas que quand on s’inscrit dans la dynamique de reconquête du pouvoir, qu’il faut se donner les moyens de ses ambitions ? Ne sait-elle pas qu’une opposition politique, ce sont des stratégies efficaces, une prospection crédible et surtout des renseignements fiables ?

Englué dans mes interrogations, une lumière jaillit à brûle-pourpoint dans ma cervelle fumeuse. Une réponse. Celle-ci : LES DIEUX NE VALENT QUE CE QUE VALENT LES HOMMES, LEURS SUPPÔTS... Autrement dit, les conditions de vie et surtout d’arrestation du « Frère HOUNVI » sont l’expression d’une opposition politique exsangue, intellectuellement vide et stratégiquement inexistante. Je comprends mieux à présent le malheureux sort de cette opposition aux dernières législatives. Dites-leur qu’il ne suffit pas d’avoir un flambeau pour gagner une élection. Il faut d’abord avoir des stratégies. Des stratégies efficaces. Surtout quand on a affaire à un TALON que je considère comme le plus grand des renards que l’histoire politique de notre pays ait connu.

TALON est doté d’une intelligence de Zeus. Il est à des milliards d’années-lumière de cette opposition de pacotille. En tout cas, s’il y en a qui se font encore d’illusions, je les prie de descendre : 2026 est plié.

L’essentiel que je retiens et pour lequel je félicite TALON, c’est que le « Frère HOUNVI » est en vie. J’avais eu peur pour son intégrité physique, eu égard aux conditions d’arrestation. Mais c’était une stratégie. Une stratégie de TALON pour dégonfler l’opposition politique en la retournant à l’école. L’école de la politique, car visiblement, depuis 2016, les matchs auxquels nous assistons sont déséquilibrés. Insipides. Osons le dire ! L’opposition béninoise, à l’heure actuelle, doit être déclassée. Elle n’a pas le niveau.