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Le lamantin d’Afrique, une espèce à protéger mais en danger sur la liste rouge

L’investigateur 25/10/2023 à 19:42

Bien que figurant dans la catégorie « Vulnérable » sur la Liste rouge des espèces en danger de l’UICN, le Lamentin d’Afrique souffre toujours de la pollution des cours d’eau et de la proximité toujours plus écrasante des activités humaines. Ajouté à ça, la chasse et la déforestation entraînent le déclin préoccupant du lamantin.

Si le lamantin n’a aucun prédateur naturel, l’aménagement des littoraux et le développement des activités touristiques ne cessent de grignoter son territoire. Après avoir disparu de certaines îles telles que la Guadeloupe ou la Martinique, le mammifère marin est aujourd’hui lourdement impacté par la proximité humaine, dans toutes les régions qu’il occupe encore.

La pollution des zones humides constitue une autre menace. La perturbation, la disparition ou la perte des habitats due à l’ensablement et à l’occupation des zones d’épandage par les aménagements hydro-agricoles, la pollution, l’ingestion de crevettes par voie respiratoire sont autant de menaces sur les lamantins en général. Encore victimes de la pêche industrielle accidentelle, au Sénégal, comme en Guinée Bissau, des lamantins auraient été capturés dans des filets pour requins.

La localisation du lamantin d’Afrique est limitée aux fleuves et rivières de la côte ouest de l’Afrique, du Sénégal à l’Angola. Le lamantin vit dans les cours d’eau saumâtre, douce ou salée, mais peu profonds, là où la végétation peut pousser grâce au soleil qui pénètre dans l’eau. Cela comprend les estuaires, les fleuves, les rivières les lacs et les baies, et les lagunes en période de migrations. Exclusivement herbivore, le lamantin vit avant tout dans les eaux douces (cours d’eau lents, anses de rivières tranquilles) mais il fréquente également les eaux saumâtres des estuaires, les lagunes et pénètre dans la mer, le long des côtes. Il peut demeurer plusieurs minutes sous l’eau et se repose en surface, avec le dos arqué.

Le domaine vital de cet animal est peu connu et l’on suppose qu’il est sédentaire bien qu’il puisse se déplacer sur d’assez grandes distances à la recherche de nourriture. Grégaire, social, il forme des groupes familiaux comportant un mâle, une femelle et un ou deux jeunes. Plusieurs familles peuvent partager le même territoire et former ainsi des rassemblements importants. Certains auteurs pensent que le lamantin est davantage solitaire mais qu’il peut former des groupes plus ou moins stables. Les jeunes mâles restent parfois solitaires.

D’apparence pratiquement identique à son cousin d’Amérique, Le lamantin d’Afrique de l’Ouest (Trichechus senegalensis) peut se différencier de ce dernier par la courbe descendante de son museau, moins prononcée et à la proéminence de ses yeux. Le lamantin présente une silhouette fusiforme et lourde. La peau, variant du brun au noirâtre, plus claire sur le ventre, est pratiquement nue à l’exception des vibrisses rigides et noires de chaque côté de la bouche, plissée et épaisse (5 cm) avec une importante couche de graisse. Des mouvements de la queue dans le plan vertical permettent à l’animal de progresser dans l’eau. Des nageoires terminées par cinq doigts aux ongles réduits remplacent les membres inférieurs. La tête est massive, sans oreilles externes, avec des petits. Le cou est court.

Il suffit de sillonner les lagunes côtières, les fleuves et les lacs du Togo et du Bénin en passant par le Sénégal, la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, tout comme le Nigeria et le Niger pour constater l’ampleur de la menace qui pèse sur les lamantins. Des filets non conventionnels sont jetés chaque fois dans les eaux par les pêcheurs. Conséquences, les espèces en voie d’extinction dont les lamantins sont capturés malgré leur régime de reproductivité très lente.

Le lamantin ouest-africain vulnérable et inoffensif fait partie de la famille des Siréniens, composée de 6 espèces différentes. Comme les autres espèces, le lamantin d’Afrique de l’ouest est particulièrement menacé et se trouve en constante régression dans toute son aire de répartition. Il n’y a malheureusement aucun mécanisme officiel régional pour la conservation du lamantin d’Afrique, aussi les législations et les coutumes nationales et locales dans de nombreux Etats de l’aire de répartition ne s’occupent pas d’une manière adéquate des besoins de conservation de l’espèce.

Des efforts ont été faits par les différents gouvernements et la société civile de la sous-région en faveur de la conservation de l’espèce, mais même dans les pays où il est protégé par une loi nationale, elle n’est pas correctement appliquée. Ainsi, les populations de lamantins dans leur aire de répartition sont menacées par la capture dans les filets de pêche, la chasse, le commerce, les modifications de son habitat, dont la coupe des mangroves et les travaux d’aménagement tels que les barrages.

Aussi, des pressions croissantes sur les ressources naturelles dues principalement à la croissance numérique de la population humaine et à l’utilisation et au développement des zones humides qui en découlent, ainsi qu’à l’utilisation croissante de nouvelles technologies, constituent de graves menaces d’extinction du lamantin. Pourtant le lamantin contribue à un contrôle de la croissance des plantes dans les fleuves et autres cours d’eau. Par exemple, il débarrasse les canaux d’une végétation surabondante tout en jouant aussi le rôle de contrôle biologique contre la prolifération de la jacinthe d’eau dans les fleuves et les rivières d’Afrique de l’Ouest.

Au Togo comme dans les autres pays de l’Afrique occidentale, le lamantin a eu une valeur économique pour sa viande et autres produits, notamment pour les parties utilisées dans la médecine traditionnelle. La viande du lamantin est très prisée et représente également une forte valeur culturelle, ce qui a conduit à de nombreux endroits à la surchasse, avec un déclin des populations au sein de leur aire de répartition. La viande et la graisse du lamantin font aussi l’objet du commerce illégal qui se passe entre le Tchad et le Cameroun.

Le ministère de l’environnement et des ressources forestières (MERF) en vue de conserver les aires protégées a mis en place en 2013, le Projet de Renforcement du rôle de conservation du système national des Aires Protégées du Togo (PRAPT) afin d’améliorer le cadre juridique, politique et institutionnel pour le patrimoine des Aires Protégées et du coup protéger les espèces menacées dont les lamantins.

Le lamantin vivant dans les fleuves, les marres de Kpéssi, Agbodrafo, Abaékopé (proche d’Aného) et dans le lac Togo, Ekpui, Togoville et Kéta, est dans la classe A, Annexe I de la loi du 16 janvier 1968, réglementant la protection de la faune et l’exercice de la chasse au Togo. Ce qui en fait un animal intégralement protégé par les lois togolaises. Mais l’espèce est toujours menacée au Togo, car plus d’une centaine de lamantins sont accidentellement capturés chaque année dans le pays. Au Sénégal, au Niger ou en Côte d’Ivoire, le nombre de captures accidentelles de lamantins prend beaucoup d’ampleur. (EAGLE-Togo/juillet/EAGLE-Togo)




 
 

 
 
 

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