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Police républicaine : " Les policiers ne sont pas contents", selon l'ex Dgpn Houndégnon
Dans une récente interview, l’ancien Directeur général de la Police nationale (ex-Dgpn), Louis Philippe Houndégnon, a vivement critiqué la réforme au Bénin qui a permis de fusionner la Police et la Gendarmerie. Il l’a qualifié d’échec cuisant et apprécié la sécurité nationale du Bénin.
Louis Philippe Houndégnon pointe du doigt les dérives bureaucratiques comme principales causes des failles de la sécurité intérieure. "La sécurité ne se porte totalement pas bien au pays... La sécurité nationale est menacée aujourd’hui par les attaques terroristes dans le Nord... Il y a un effort qui se fait comme le fait tout gouvernement, mais ce qui se fait aujourd’hui contient trop de dérives administratives", a-t-il confié dans une interview accordée à Matin Libre et Reporter Médias Monde. Pour lui, "ce qui fait aujourd’hui le problème de notre sécurité intérieure, c’est les dérives bureaucratiques que Patrice Talon et son gouvernement n’ont pas réussi à corriger."
L’ancien patron de la Police nationale souligne que, bien que la fusion entre la Police et la Gendarmerie ait mis fin aux conflits entre ces deux entités, elle a échoué. "La réforme de la Police républicaine qui s’est engagée sur le fond de la réforme Police-Gendarmerie est un échec cuisant. Je suis qualifié techniquement pour savoir si la réforme a marché ou pas. C’est ma maison. J’y ai passé 29 ans avant d’être mis à la retraite d’office. L’échec que cela constitue peut se démontrer sur plusieurs volets."
"Ce qui a manqué à la vision aujourd’hui et il y a des problèmes, c’est tout juste que l’expertise jurisprudentielle a échappé aux organisateurs de la fusion", dit-il. Louis Philippe Houndégnon estime qu’un préalable juridique incontournable devrait être fait pour prendre en compte les acquis des uns et des autres avant d’aller à la fusion. "Quand vous prenez la loi 2020-16, vous allez voir que toujours dans le tâtonnement, on a préféré avancer les gendarmes, exigeant du personnel policier des justificatifs de diplômes de gendarmes ou militaires. Alors qu’ils n’ont pas été formés dans ce cursus. Donc, il y a un travail à faire par rapport au personnel et il y a l’obligation de réécrire la carrière de tout un chacun."
"Les policiers ne sont pas contents, les gendarmes non plus. Je suis parmi eux et je les écoute tous les jours. Je sais ce qu’ils disent. On n’a pas besoin de faire les grandes académies pour comprendre que les policiers souffrent et les gendarmes qui sont également devenus policiers souffrent. Il y a une catégorie de gendarmes favorisée pour que ces gendarmes deviennent officiers. Et les autres gendarmes, vous pensez qu’ils sont contents ? Il faut dire ça au Chef de l’État", a-t-il ajouté. L’ancien directeur de cabinet au ministère de l’intérieur remet également en question la gestion des équipements et de l’armement de l’ex-Gendarmerie.
"Ce que je dis des hommes est également valable pour les équipements et l’armement. Où sont passées les armes de l’ex gendarmerie ? Qui en a fait le recensement ? Qu’est-ce que ces armes sont devenues ? Sont-elles dans la nature ou conservées ? Ont-elles été déclassées ? Qu’est-ce qu’on en a fait ? Les propriétés immobilières de la gendarmerie et de la police, comment les a-t-on gérées ?", a-t-il lancé. "Quand il y a échec, il faut reconnaître qu’il y a échec. C’est pourquoi il faut réexaminer la réforme."
Houndégnon regrette que ses tentatives de dialoguer avec le président Patrice Talon sur ces questions de sécurité nationale aient échoué. "J’ai deux fois essayé de discuter avec lui quand j’étais Secrétaire permanent à la lutte contre le terrorisme parce qu’il y avait des difficultés. J’ai essayé de le voir pour des besoins de service. Mais comme j’ai compris que c’est des gens très avancés, qui sont intellectuellement plus assis et qui connaissent tout, je me suis retiré. Je ne cherche plus à les voir", a-t-il affirmé. Selon lui, une réévaluation de la réforme est nécessaire pour redresser la situation.
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