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Soudan : plusieurs dirigeants arrêtés, l’accès à Internet coupé

L’investigateur 25/10/2021 à 08:59

Après des semaines de tensions entre autorités civiles et militaires, des arrestations de dirigeants ont eu lieu, tôt lundi au Soudan, par des hommes armés non identifiés. L’accès à Internet a été coupé dans l’ensemble du pays et des manifestations sont organisées dans les rues de la capitale, Khartoum, pour protester contre les arrestations.

Des hommes armés non identifiés ont arrêté plusieurs dirigeants soudanais tôt, lundi 25 octobre, a indiqué à l’AFP une source gouvernementale, après des semaines de tensions entre les autorités de transition civiles et militaires.

Le réseau Internet a été coupé à travers le pays, ont constaté des journalistes de l’AFP, tandis que des manifestants se rassemblaient dans les rues de Khartoum pour protester contre les arrestations.

L’Association des professionnels, l’un des fers de lance de la révolte qui a mis fin en 2019 à trente ans de dictature du président Omar el-Béchir, a appelé lundi les Soudanais à la "désobéissance" face à un "coup d’État".
Ces événements interviennent deux jours seulement après qu’une faction soudanaise appelant à un transfert du pouvoir vers un régime civil a mis en garde contre un "coup d’État rampant", lors d’une conférence de presse qu’une foule de personnes non identifiées avait cherché à empêcher.

Tensions entre civils et militaires

Depuis l’éviction du président Omar el-Béchir, en avril 2019, le Soudan connaît une transition précaire entachée de divisions politiques et de luttes de pouvoir. Depuis août 2019, le pays est dirigé par une administration composée de civils et de militaires chargée de superviser la transition vers un régime entièrement civil.

Le principal bloc civil – les Forces pour la liberté et le changement (FFC) –, qui a mené les manifestations anti-Béchir en 2019, s’est scindé en deux factions opposées.

"La crise actuelle est artificielle et prend la forme d’un coup d’État rampant", a déclaré Yasser Arman, leader du FFC, lors de la conférence de presse de samedi à Khartoum.

"Nous renouvelons notre confiance dans le gouvernement, le Premier ministre Abdallah Hamdok, et dans la réforme des institutions de transition, mais sans ordre ni imposition", a-t-il ajouté.

Les tensions entre les deux parties existent depuis longtemps, mais les divisions se sont exacerbées après le coup d’État manqué du 21 septembre. La semaine dernière, des dizaines de milliers de Soudanais ont défilé dans plusieurs villes pour soutenir le transfert complet du pouvoir aux civils et pour contrer un sit-in rival de plusieurs jours devant le palais présidentiel dans la capitale Khartoum, qui exigeait un retour au "régime militaire".

Crise "la plus grave et la plus dangereuse"

Yasser Hamdok a précédemment décrit les divisions au sein du gouvernement de transition comme la "crise la plus grave et la plus dangereuse" à laquelle est confrontée la transition.

Samedi, il a démenti les rumeurs selon lesquelles il avait accepté un remaniement ministériel, les qualifiant de "non exactes". Le Premier ministre a également "souligné qu’il ne monopolisait pas le droit de décider du sort des institutions de transition".

Samedi également, l’envoyé spécial des États-Unis pour la Corne de l’Afrique, Jeffrey Feltman, a rencontré conjointement Yasser Hamdok, le président de l’organe dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan, et le commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo.

"Jeffrey Feltman a souligné le soutien des États-Unis à une transition démocratique civile, conformément aux souhaits exprimés par le peuple soudanais", a déclaré l’ambassade des États-Unis à Khartoum.

Selon des analystes, les récentes manifestations de masse témoignent d’un fort soutien à une démocratie dirigée par des civils, mais les manifestations de rue risquent d’avoir peu d’impact sur les puissantes factions qui font pression pour un retour au régime militaire

Avec AFP




 
 

 
 
 

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