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Talon : Azatassou de Les Démocrates doute de la mise en œuvre de son discours d’investiture

L’investigateur 27/05/2021 à 11:21

Eugène Azatassou, Vice-président de Les Démocrates doute de la mise en œuvre du discours tenu par le chef de l’Etat, Patrice Talon, le dimanche 23 mai au cours de son investiture, au stade Charles de Gaulle de Porto-Novo. Lire sa tribune.

MON OPINION
SUR LE DISCOURS D’INVESTITURE DU CHEF DE L’ETAT DU 23 MAI 2021

Chers amis de la presse,

Mesdames et messieurs.

Je voudrais vous remercier d’avoir fait le déplacement en ces lieux pour écouter mon point de vue sur le sujet en titre c’est-à-dire, le discours du président de la République lors de la cérémonie de son investiture le dimanche 23 mai 2021.
Levons en même temps une équivoque. Je suis un des vice-présidents du parti Les Démocrates. Mais ce n’est pas à ce titre que je me tiens devant vous. En fait, j’ai été sollicité par certains pour donner des interviews sur le sujet. J’ai d’ailleurs commencé à le faire. Au lieu de continuer à vous rencontrer individuellement, j’ai préféré cette séance de questions réponses pour en finir d’un seul coup. Merci donc à vous pour avoir fait le déplacement.

Ce qui arrive immédiatement à l’esprit, lorsqu’on écoute le discours d’investiture, c’est que les principaux mots clefs sonnent faux quand on les rapporte à la réalité concrète. Donnons quelques exemples. Il a dit « nous avons affiché notre ferme volonté de relever tous les défis qui se posent à nous ». Revenons sur quelques-uns de ces défis :

  « renforcer l’unité nationale » : En réalité, depuis après la première décennie de notre indépendance, l’unité nationale n’a jamais été aussi mise à mal que maintenant. Les violences électorales qu’on croyait révolues, ont ressurgi avec des propos favorisant le repli ethnique et régionaliste de part et d’autre. Confère les déclarations du président sur le plateau d’Abomey lors de la campagne électorale. Au regard de cela, on peut remarquer que si « la ferme volonté » du président de la république à renforcer l’unité nationale, a conduit à ce résultat, alors peut être que l’absence de cette « volonté » aurait entrainé la troisième guerre mondiale à partir du Bénin.

  « renforcer notre processus démocratique » : La « ferme volonté » dans ce domaine a conduit à la main mise sur toutes les institutions de la république avec un parlement monocolore et le retour à la pensée unique avec un parti unique à deux fourches, des dossous qui se démènent comme de beaux diables avec des éloges dithyrambiques au « réformateur », pour se faire remarquer et une opposition taillée sur mesure, qui dirige les meilleurs de ses attaques contre l’opposition véritable traitée de « radicale ». c’est une « démocratie » avec des élections sans le peuple, avec des bourrages d’urnes et des tripatouillages de tous genres malgré les exclusions obtenues par des procédés de ruse et de rage et avec les massacres de manifestants.
A part ces défis et au détour de cette cérémonie d’investiture, on découvre la passion de notre président pour les libertés. Il aime tellement la liberté qu’il voudrait l’inscrire dans notre devise aux cotés de la démocratie et de la bonne gouvernance et c’est certainement cette considération pour les libertés qui fait que les prisons sont remplies de détenus politiques, de nombreux compatriotes sont exilés pour leur position politique, la presse est perçue par le pouvoir comme devant être aux ordres et les médias qui résistent sont menacés.

On pourra multiplier les exemples qui prouvent que toutes les valeurs qui subissent la « ferme volonté » du président donnent des résultats contraires à ceux auxquels on devait s’attendre. A moins que ce soit lui qui fait le contraire de ce qu’il nous dit.
Dans ces conditions, comment savoir ce qui adviendra du peuple béninois quand nous aurons subi « hautement » la « ferme volonté » du président de faire du social maintenant. Il nous avait déjà dit qu’il en faisait et le résultat, c’est la précarité de l’emploi, les licenciements dans les sociétés d’Etat qui ont été fermées au profit de celles du clan au pouvoir, la ceinture serrée pour le commun tandis que pour les barons au niveau du pouvoir, les bruits qui filtrent de l’opacité ambiante font état de traitements mirobolants.

Par ailleurs, comment comprendre l’exhortation à nous mettre tous ensemble pour construire le pays. Il l’entend en proclamant que « les élections ainsi que les incompréhensions ou les querelles qu’elles génèrent, c’est désormais du passé ». Mais, puisque pour se quereller, il faut être au moins deux, la question qui vient à l’esprit quand on entend une telle phrase de la bouche du président est celle-ci :. Comment, sans aucun échange avec les autres protagonistes d’une crise, on peut décréter que la querelle est du passé ? Des personnes sont décédées dans cette crise, certains sont en prison et d’autres sont en exil. Ceux qui ont eu des « incompréhensions » n’ont pas encore dit qu’ils ont compris. On ne peut être rassuré par une telle annonce. Or, le Bénin ne peut se développer que si tous ses fils se donnent la main pour le construire. C’est pour cela que plusieurs personnes en appellent au dialogue inclusif. C’est pour avoir adopté cela que le Président Mathieu Kérékou est entré dans l’histoire par la grande porte. Il est encore possible au président Talon d’en faire de même. Pour y parvenir, il doit se départir de la ruse et poser des actes concrets. C’est pour cela que pour rendre opérationnel cette annonce pour le rassemblement de tous, il faut favoriser :
  La libération des détenus politiques ;
  Le retour au pays des exilés politiques ;
  L’organisation d’un dialogue inclusif.
  Je vous remercie pour votre attention.
  Cotonou, le 26 mai 2021
  Eugene AZATASSOU



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