Dans son discours datant du 9 mars 2019 aux populations de la région de Bagoué, Guillaume Soro évoquait déjà les raisons de la crise latente entre Ouattara et lui. Comme un devoir de mémoire, Yeclo a publié un pan dudit discours que voici.

« Je serai un homme indigne, si je cédais au chantage. Je n’ai pas de problème avec Alassane Ouattara. Vous vivez en Côte d’Ivoire ici. On a renvoyé Traoré Mamadou parce qu’il est venu saluer Guillaume Soro. Il est au chômage. Est-ce que si ton enfant est renvoyé tu vas être content ? Soro Alphonse, parce qu’un jour il est venu me saluer, on l’a chassé de la primature. Soul to Soul, on l’a pris, on l’a mis en prison. On a dit qu’il a caché des armes. Il a fait 10 mois de prison. Et puis vous voulez que je sois content. Les noms que j’ai cités là, est-ce que ce sont des Bétés. Ce sont des fils du nord. Le nord a chassé le nord ». Et puis il enchaîne. « La relation institutionnelle qui me liait à Alassane Ouattara est gâtée. Il a créé Rhdp, moi je dis je ne suis pas dedans », a déclaré Guillaume Soro qui trouve inadmissible que ses proches, tels des lampistes, soient traqués et malmenés juste parce qu’il refuse de faire le Rhdp.

« Méritent-ils (ses proches ) d’être chassés ? Certains disaient qu’Alassane Ouattara est étranger, aujourd’hui c’est eux qui mangent. Moi-même qui leur donnais à manger un peu un peu, on m’a chassé. Voulez-vous que je sois content ? Est-ce qu’on mérite cela ? Si on a fait une faute, on peut nous appeler pour nous gronder.
On finit de nous broyer et on veut qu’on soit content. On va être content comment ? On a consacré 15 ans de notre vie. On n’a pas connu notre jeunesse. On ne réclame rien mais il faut un minimum de respect même s’ils disent que c’est grâce à leur intelligence qu’ils sont là ! Mais on était là un peu quand même ».

« Les gens disent : laissez Guillaume Soro il n’a qu’à parler. On va le ruiner il va voir. Ah bon ? Vous voulez me ruiner. Si c’est bon l’homme qui t’insulte la même ! Vraiment politique ! Un peu de considération. On fouille les comptes bancaires des gens. Même si on n’est plus de même bord. Nous demeurons des frères. D’où vient cette méchanceté ? On m’a dit de quitter (la présidence de l’Assemblée nationale Ndlr). J’ai quitté. On s’est battu pour que vous ayez le pouvoir pour qu’on mange un peu, un peu, mais c’est là on a faim. En Afrique, si le destin appartenait à un autre Africain, on serait tous au cimetière ».