Face aux difficultés liées au transport de son pétrole à travers le pipeline Bénin, le Niger mise sérieusement sur le Tchad. Dans une sortie médiatique, le lundi 24 juin 2024, le premier ministre nigérien, Ali Mahamane Zeine Lamine a annoncé la nouvelle option qui pourrait être prise, et qui va consister à utiliser le pipeline tchadien qui traverse le Cameroun pour l’acheminement de son pétrole.

Il faut dire que cette alternative était sur la table des discussions depuis bien longtemps. Selon les explications de M. Ali Mahamane Zeine, un protocole d’accord bilatéral entre le Niger et le Tchad avait été déjà signé dans ce cadre le 17 septembre 2012, approuvé le 1er juillet 2014 à l’unanimité par l’Assemblée Nationale tchadienne et promulgué le 21 juillet 2014. Dans sa communication, le chef du gouvernement nigérien a fait savoir qu’un comité ad hoc sera mis en place pour étudier cette proposition tchadienne.

Cette volonté du Niger d’acheminer son pétrole par le pipeline tchadien intervient dans un contexte où les relations sont tendues entre Niamey et Cotonou. Ceci, depuis le coup de force du 26 juillet 2023, où le Bénin avait particulièrement pris une position de fermeté vis-à-vis des sanctions prises par la Cedeao, exigeant un retour à l’ordre constitutionnel au Niger, par tous les moyens, même militaire.

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Cette position de fermeté avait fait que même après la levée des sanctions, les autorités nigériennes ont refusé d’ouvrir leur frontière. Sous prétexte, que le Bénin abriterait des bases militaires françaises qui, à leur tour, formeraient des terroristes dans le but d’attaquer le Niger. Un raisonnement démenti à plusieurs reprises par les autorités béninoises, qui pour contraindre le Niger à ouvrir ses frontières, ont prononcé le blocus sur l’exportation du pétrole nigérien. Ce qui sera finalement levé par Cotonou.

La dernière goutte qui a fait déborder le vase est l’arrestation sur le site du pipeline au Bénin, de 5 responsables nigériens, dont trois seront finalement condamnés à 18 mois de prisons avec sursis. À la suite de cette condamnation, Niamey a fermé les vannes de son pétrole en transit au Bénin. Cette escalade de tension a amené lundi, les anciens présidents béninois, Nicéphore Soglo et Boni Yayi, à se rendre au Niger en vue de trouver une solution à cette crise dont la fin n’est peut-être pas pour demain.