Bénin

Covid-19 : Boni Yayi invite au respect avec discipline et rigueur, les consignes des autorités

L’investigateur 28/03/2020 à 17:27

Suite à l’appel lancé à la Communauté Internationale sur la nécessité de solliciter la bonté de Dieu dans la gestion de cette crise liée au COVID - 19, je reviens à vous pour vous rassurer que Dieu a toujours écouté Moïse lorsque ce dernier l’implorait pour qu’il préserve son peuple. N’oublions pas le pardon accordé au peuple de Ninive alors que Dieu voulait le détruire et il a fallu la prière et le jeûne suite à la pression de l’envoyé de Dieu, Jonas, pour que ce peuple soit sauvé. Aidons donc Dieu à nous aider par notre comportement approprié en plus des prières et des jeûnes.

VERS LE LEADERSHIP TRANSFORMATEUR DE L’AFRIQUE DANS LA GESTION DE LA PANDÉMIE COVID-19

Je reviens donc pour rappeler les diligences en cours et la nécessité de respecter avec discipline et rigueur les consignes données par nos dirigeants sur le continent.

I) L’exemple de la Chine en 5 points

1) Selon les sources scientifiques et la Presse internationale, l’épicentre du virus est la ville de Wuhan (Chine) depuis Décembre 2019. Cette ville est située dans la province de Hubei qui est peuplée de presque 60 millions d’habitants soit l’équivalent de la population française. Méthodiquement et avec rigueur, la Chine a géré cette crise depuis Décembre 2019 et a pris des mesures appropriées et salutaires.

Ces mesures sont centrées sur le confinement rigoureux des populations de cette région, assorti de sanctions lourdes contre tout contrevenant. Il est important de noter la solidarité hors pair qui a prévalu. L’isolement de la province de Hubei a porté ses fruits car la vie y revient progressivement.

L’organisation politique du pays est telle que le mot d’ordre donné fut une loi fondamentale à ne pas violer.

Le confinement a été une réussite pour combattre ce virus car tout le monde a observé la discipline, (les rues étaient vides, les marchés de producteurs vides ainsi que les écoles, les universités, les transports hors marchandises) et les sites de confinement bien gérés. C’était le "lockdown" au niveau des activités dans la ville.

Les agents des hôpitaux, médecins et personnels soignants, les forces de défense et de sécurité se sont mis à pied d’œuvre avec détermination. Ce qui a permis de contenir la pandémie. Rappelons que la même détermination a permis à la Chine de maitriser le premier virus SRAS COVID 1 qui a fait 774 morts dont 349 en Chine en 2003.

2) Le second point à évoquer est que la province de Hubei isolée, dans toute sa disposition sociale (pauvres, chômeurs, handicapés, seniors, femmes, enfants, etc.) était pris en charge au plan économique par le Gouvernement à partir des approvisionnements des autres provinces de la Chine qui continuaient à travailler.

Une prise de conscience généralisée dans une discrétion totale par rapport au reste du monde.

3) La délocalisation industrielle du monde occidental (Europe + USA) a favorisé la promotion des entreprises étrangères en Chine surtout dans la promotion des infrastructures hospitalières : hôpitaux, matériel médical (les masques, respirateurs, etc.). Aujourd’hui la Chine est le centre industriel du monde.

4) La volonté d’en découdre avec le virus par des tests, l’isolement et la gestion de la séparation entre les agents positifs et les agents négatifs fut déterminant.

5) La reprise de la vie économique dans la province de Hubei comme dans le reste de la Chine a été facilitée par le confinement systématique des citoyens du reste du monde débarqués en Chine.

II) Un mot sur le monde occidental

Pendant que le virus secouait les chinois, l’Europe semblait avoir écarté la probabilité d’une contagion généralisée. Malheureusement ce virus est entré en Europe et a surpris les pays les plus touchés actuellement (l’Italie, l’Espagne, la France, L’Allemagne). Hors de l’Europe, les Etats Unis ne sont pas épargnés avec 65 000 cas aujourd’hui et près de 900 morts.

L’Occident avec ses valeurs démocratiques a été surpris par cette crise sanitaire, ce qui explique l’importance des dégâts. Le plus dur reste à faire car la plupart des pays européens affichent des faiblesses qui sont en train d’être comblées par la Chine (faiblesse du nombre des infrastructures hospitalières : hôpitaux généraux et spécialisés, matériel médical notamment les masques, les appareils respiratoires pour les malades comme pour le personnel médical sans compter le nombre de médecins par habitants).

Il y a lieu de rappeler que ce déficit d’infrastructures a été favorisé par la délocalisation industrielle qui a favorisé l’évasion des industries européennes vers la Chine.

Ceci est vrai que ce soit pour les hôpitaux ou pour les laboratoires de recherches. Aujourd’hui, comme l’a dit le Président Macron, l’Europe est en guerre car elle n’était pas préparée.

II) Quelques remarques à mettre en relief

1) Comme cela a été dit, les 60 millions d’habitants de la population de la province de Hubei correspondent à la population de la France.

Malheureusement toute la France est paralysée, mais toute la Chine ne l’était pas, même constat pour l’Italie et l’Espagne.

2) La question du confinement n’est pas réglée en Europe en dépit de la détermination des gouvernants. Le cas de la France est là. La sensibilisation des citoyens, de la presse et la forte mobilisation des forces de défense et de sécurité n’ont pas encore atteint l’objectif visé : la réussite totale du confinement à l’instar de ce qui s’est fait en Chine.

Enfin sur le plan économique, la plupart des pays européens ont compris que le confinement général va créer une récession économique d’où des mesures en cours par les gouvernements, les ONG et les donateurs.

Il y a lieu de rappeler la décision de la Banque Centrale Européenne d’injecter 750 milliards d’euros pour soutenir les banques et les entreprises et celle de la Commission de l’Union Européenne de faire tomber les critères de Maastricht relatifs au respect des déficits budgétaires (3% du PIB) et à l’endettement (60% du PIB).

L’objectif est de préparer les bases de la reprise économique qui suivra cette épidémie.

III) Cas de notre continent

En ma qualité d’Ancien Président du Bénin et de l’Union Africaine participant aux sommets du G7 et du G20, j’ai pu noter que le monde était secoué par les terroristes surtout en Afghanistan et progressivement ils ont migré vers l’Irak, la Syrie et malheureusement ils sont aujourd’hui en Afrique pour y installer leur épicentre opérationnel. Une crise similaire s’annonce malheureusement avec ce virus qui s’installe chez nous.

A) A nos dirigeants

Je lance un appel à nos gouvernants à continuer de prendre des mesures de confinement de nos populations : fermeture des universités, des écoles et suspension de toutes les activités de regroupements des populations en général.

J’encourage la rigueur et le sens de responsabilité que leur confèrent nos dispositions constitutionnelles pour protéger nos populations aujourd’hui en guerre contre cet ennemi invisible et non armé. Cet ennemi est déjà là avec les cas signalés et cela dénote malheureusement de la propagation du virus sur le continent.

B) Aux jeunes, femmes, populations, sociétés civiles, handicapés et 3e âge

Avec beaucoup de respect, je leur lance un appel pressant à plus de discipline dans le respect des consignes de nos gouvernants : personne dans la rue, chacun chez soi.

Il n’y a pas d’autres solutions car c’est toute l’Afrique qui est en voie de contagion et c’est un virus qui se transmet via la projection de secrétions salivaires dans un rayon d’un mètre, du serrage des mains, etc.

Appliquez donc les consignes : ne pas se serrer la main, distanciation sociale (1m), discipline dans les centres de confinements. C’est une question de santé publique.

Se laver les mains régulièrement au savon, contrôler ses habitudes alimentaires avec rigueur tout en évitant la viande des animaux de brousse car ces derniers selon le monde scientifique véhiculent des milliers de virus mortels pour l’Homme. Certains milieux scientifiques estiment que le SIDA et Ebola ont tiré leurs origines de ces virus qui circulent dans le milieu des animaux de brousse.

Le cas particulier des personnes du 3e Age, les plus vulnérables, n’est pas à négliger et requiert un traitement particulier. Il en est de même de ceux qui souffrent d’ autres pathologies qui les rendent encore plus vulnérables au virus (diabète, hypertension).

C) La classe politique

Je recommande un consensus total des politiques quelque soit leur bord pour gérer cette pandémie du siècle et renforcer la santé de nos nations.

IV) Le financement de la pandémie

1) le partenariat stratégique international

Difficile d’espérer un plan Marshall dans l’immédiat pour la simple raison que l’Occident est lui même en crise et s’organise pour financer les mesures de prévention, de confinement et de traitement. Le cas de l’Europe est là. La Banque Centrale Européenne a pris des mesures (près de 750 milliards) pour financer les banques, les entreprises. La Commission de l’Union Européenne a levé les contraintes liées au traité de Maastricht c’est à dire un accord pour que les déficits budgétaires puissent financer la crise, comme cela a été dit plus haut.

Sans oublier les Etats Unis où un plan d’aide de 2000 milliards de dollars a été voté pour soutenir entres autres les plus pauvres, les travailleurs, soutenir les familles sans oublier le soutien aux entreprises.

En Afrique, dans certaines régions comme l’Afrique de l’Ouest, c’est le lieu de saluer les mesures prises par la BCEAO, la BOAD, la Banque Mondiale et la BAD pour financer l’éradication de cette crise et favoriser la reprise économique.

Je n’oublie pas non plus les mesures prises par les autres Banques Centrales telle que celle du Nigeria qui a décidé d’injecter près de 3500 milliards de Nairas (10 milliards de dollars) dans l’économie pour financer cette période difficile. Les autres banques centrales ont pris sur le continent des mesures salutaires.

Les gouvernements doivent s’investir pour que ces mesures puissent aller vers les bénéficiaires en plus de leurs efforts personnels tels que les fonds de soutien (exemple de la Mauritanie qui a annoncé un plan de soutien de 600 millions d’ euros à verser à 30 000 familles pauvres ou du Sénégal qui a lancé un fonds de soutien de 1000 milliards de Francs CFA).

Nos états doivent alléger la tâche de nos concitoyens en décrétant la suspension des taxes fiscales, municipales, des factures d’eau, d’électricité et la suspension des charges qui pèsent sur les universitaires. Tout ceci pour faciliter la prise en charge des populations en confinement.

Enfin le partenariat stratégique ne doit pas négliger la Chine qui a réussi à relancer ses activités économiques et dispose aujourd’hui de plus de matériels médicaux pour venir en aide à l’Afrique.

N’oublions pas que c’est la Chine qui aide l’Italie par la mise à disposition des masques, des appareils d’assistance respiratoire, des gants, etc. alors que l’offre est inférieure à la demande en Europe. Laquelle Europe a fait des commandes en Chine.

Je recommande aussi que les pays africains puissent adopter la stratégie de stockage de la chloroquine à l’instar des pays comme le Maroc, l’Algérie, l’Egypte en attendant la mise au point des vaccins. Une autre politique pourrait consister, en cas de disponibilité des moyens, à des dépistages systématiques comme en Corée du Sud afin de prendre les dispositions appropriées.

Le don du philanthrope Jack Ma aux 54 pays africains démontre que l’Union Africaine doit entamer un partenariat avec la Chine avec et son secteur privé dans la perspective de protéger l’Afrique contre ce virus, dans le cadre des traitements sanitaires et pour encourager la reprise économique sur le continent.

Le renforcement du partenariat avec les Nations Unies et les gouvernements s’impose également.

La réalisation des ODD (2030) et de la vision africaine (2063) en vue de préparer un avenir radieux pour la jeunesse nécessite que nos dirigeants s’animent d’un leadership transformateur.
Boni Yayi



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