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Louis Philippe Houndégnon rattrapé par la patrouille ?

Judicaël C. GBETO 26/11/2019 à 10:50

Tout est parti de la fameuse affaire de tentative d’empoisonnement de l’ancien Président Boni Yayi. On était encore aux glorieuses heures où s’offrait sur plateau d’or et à qui acceptait accompagner certaines volontés du Chef, le bonheur. C’est dans ce jardin d’Eden terrestre que les roses ont plu sur certains gradés béninois. Alors, dans un jeu de mérite ou de récompense, l’Inspecteur général de police, Louis Phillippe Houndégnon, avait été élevé au grade de Général. A l’avènement du régime de la Rupture dirigé par celui qui autrefois était cité dans cette affaire de tentative d’empoisonnement, les choses semble-t-il ont été remises à l’endroit. Une longue chaine de faits ont conduit a celui le plus récent, l’adresse de plainte contre l’Etat béninois par l’ex-DGPN. Question : dans cette affaire, qui est la victime et qui en est le bourreau ?

Remarquable et très compétent haut cadre de la police nationale, l’ancien Directeur général de la Police, l’Inspecteur général de police, Louis Philippe Houndégnon traverse depuis quelques mois (ndlr depuis l’avènement du pouvoir dit régime de la Rupture) de sales moments professionnels. L’homme va jusqu’à dénoncer une « double éviction » et réclame 100 milliards à l’Etat béninois.
En effet, c’est par l’entremise d’une adresse en date du 18 septembre 2019 qu’il a envoyé, par voie hiérarchique, un recours contre l’Etat béninois, le président de la République Patrice Talon et autres. Le motif de ce recours, selon ses mots et tel que rapporté par nos confrères de Banouto : « double révocation déguisée en 2016 et 2019, éviction dans l’emploi, harcèlement moral, acharnement, atteinte à l’honneur, atteinte à la réputation professionnelle, atteinte à la dignité humaine, douleur morale ». Selon lui, « toutes ces choses qui constituent des douleurs morales malicieusement renouvelées par l’administration au préjudice de ma personne ». Il dit avoir été expédié en « congédiement forcé » sans aucune forme de procédure après sa révocation en conseil des ministres le 5 juillet 2016.
Sa nomination du 27 juin 2018 au poste de secrétaire permanent de la commission nationale de lutte contre la radicalisation, l’extrémisme violent et le terrorisme n’a fait qu’empirer les choses. On se rappelle les échanges cinglants de courriers entre l’ex-Dgpn et son ministre de tutelle, le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, Sacca Lafia. Et surtout de la décision de la chambre administrative de la Cour Suprême d’annuler la nomination en qualité de Généraux, Louis Philippe Houndégnon et Nazaire Hounnonkpè.

Pouvait-il en être autrement ?

« Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir », prédisait déjà La Fontaine. Et, il coule de source que la Rupture dans sa lutte contre les magouilles et combines a décidé de secouer le cocotier. Des fameux concours d’entrées dans la fonction aux reversements des enseignants occasionnels en agents contractuels de l’Etat, le gouvernement de Patrice Talon a effectué un toilettage sans état d’âme. A priori, ces nombreuses réformes opérées par le Chef de l’Etat et son gouvernement ont réparé quelques injustices flagrantes dans l’administration publique. Certainement que dans la même logique, la chambre administrative de la Cour Suprême a décidé d’annuler la nomination en qualité de Généraux, les sieurs Louis Philippe Houndégnon et Nazaire Hounnonkpè. Une annulation rendue sur saisine des Messieurs Tozé Agbossaga et autres, tous Contrôleurs généraux de police. Ces sommités de la police nationale ont haussé le ton auparavant pour fustiger la promotion des deux, suivant des termes : « Attribution fantaisiste de grades de Généraux ».
De toute façon, Louis Philippe Houndégnon a tout eu sous le régime du Changement. De même sans avoir froid aux yeux, il a rendu la pareille à Boni Yayi. Logiquement il devrait s’attendre à une volée de bois vert de la part des Rupturiens même si des sources officieuses laissaient entendre qu’il aurait fait la paix avec l’actuel régime. Or, les derniers échanges satiriques de courriers avec son ministre de tutelle, Sacca Lafia prouvent que les deux camps ont franchi la porte de non retour. Que faut-il attendre de cet épisode dans les prochains jours ? Difficile de le dire. Ce qui est certain, l’ancien Directeur général de la police a manqué de feeling et n’a pu éviter de pousser l’exactitude jusqu’au scrupule. L’affront au pouvoir est de notoriété publique désormais et connaissant le fonctionnement du Nouveau Départ, la réplique sera à la mesure de l’attaque. Victime ou pas, il est rattrapé par la patrouille. Il devrait avoir un peu de retenu dans la mesure où il est de l’administration et le premier responsable de ladite administration est sans doute le président de la République. Quel que soit le mépris, il a obligation de modérer ses actes au lieu de péter un câble. Surtout qu’il y avait déjà un précédent. Pour avoir obéi au doigt et à l’œil à Boni Yayi, il devrait logiquement s’attendre au revers de la médaille sous celui qui a été considéré à tort ou à raison hier comme bourreau du chantre du Changement.




 
 

 
 
 

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