La déclaration de l’opposition au régime du président Patrice Talon est attendue cet après-midi dans une salle de fête privée à Cotonou, mais au final elle n’aura plus eu lieu. Certes les commentaires vont bon train, mais nul ne connaît encore, les raisons valables de cet échec attribué à tort ou à raison à une tierce personne.

En effet, l’information a fuité la veille de la tenue de l’événement sur les réseaux sociaux où il est convenu de retenir que l’opposition au régime du président Patrice Talon devrait tenir un meeting de déclaration ce mardi 10 décembre 2019. Déjà, à l’annonce du meeting, des questionnements. Une si importante rencontre des oppositions devrait-elle s’organiser à la-va-vite et être annoncée juste à la veille ? Les opposants craignaient-ils d’être démobilisés ? Qu’est-ce qui peut sous-tendre réellement cette impréparation ou la tenue de l’événement dans un lieu appartenant à un privé ? En tout cas, on pense à bon droit que la rencontre n’est pas bien fignolée. Sinon, pour une si importante rencontre qui intervient après la tenue des événements qui incarnent l’avenir du pays, il fallait s’y prendre autrement. Après le dialogue politique national auquel les militants des Forces Cauris pour un Bénin Emergent FCBE n’ont pas tous pris part, encore moins l’Union Sociale libérale de Sébastien Ajavon (ndlr défaut de certificat de conformité) ; la Dynamique Unitaire pour la Démocratie (DUD) de l‘ancien député Valentin Houdé, il fallait avoir plus d’un tour dans son sac et faire une réelle sortie, susceptible de faire mouche. Au registre des événements majeurs qui ont eu lieu avant l’annonce de cette sortie de l’opposition, il y a la révision de la constitution, précédée par vote de loi d’amnistie en faveur des présumés coupables des événements malheureux des 1er et 02 mai. En gros, il y avait à dire au cours de cette déclaration puisque tout le monde est convaincu que ceux qui ne partagent pas la même vision que le pouvoir en place en avaient gros sur le coeur. Et, la volée de bois vert attendue à ce rendez-vous et les couches de vitriol peuvent horripiler le pouvoir, quitte à mettre en place, son plan pour faire échouer cette sortie. Juste une hypothèse. Donc à priori, les opposants devraient s’entourer des balustrades indiquées pour anticiper. Le régime béninois étant déclaratif, pourquoi ne pas formaliser légalement cette sortie et la tenir dans une place publique ; une manière d’obliger le pouvoir à leur mettre qui plus est, les forces de l’ordre à disposition pour les encadrer ? De toute façon en voulant tenir la manifestation dans une salle de fête privée ; et connaissant les rouages de la politique en Afrique d’une manière générale et au Bénin en particulier, il est fort possible qu’une main invisible contraigne le tenancier des lieux, apprêtés pour la circonstance à faire volte-face et au besoin, régler leur facture même si elle est payée auparavant.

Les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets

Dans un passé récent, les opposants se sont laissés distancés par le pouvoir en place. A travers la tenue des législatives du 28 avril qui pour certains constituent un hold-up, il est à remarquer que l’opposition en dehors des missions des institutions sous-régionales a très tôt donné sa part au chat pendant le combat. La question du leadership entre eux a été par ailleurs le véritable talon d’Achille d’un groupe chevillé beaucoup plus par l’irréalisme d’une caste de dirigeants, prêts à en découdre avec le pouvoir, mais sans idéologie. A la vérité, le verre demeurerait à moitié vide tant que l’opposition se comporte comme un groupe de politiciens inexpérimentés, refusant de s’adapter aux différentes parades du pouvoir en place qui voit plus loin que le bout de son nez.
A tout point de vue, cette non tenue de la déclaration est avant tout, la conséquence d’une mauvaise organisation entre politiciens unis pour la circonstance ; et qui n’apprennent jamais de leurs erreurs du passé.