Dans la course à la présidence des États-Unis, un nom familier émerge comme une alternative inattendue aux candidats traditionnels. Robert Kennedy Junior, portant le nom emblématique de la dynastie politique américaine, se lance dans la bataille pour la Maison Blanche, dans l’optique de défier à la fois Joe Biden et Donald Trump.

Si ses chances de succès semblent minces, sa candidature suscite tout de même des inquiétudes tant chez les démocrates que chez les républicains. Avec plus de 10 % d’intentions de vote dans les sondages, Robert Kennedy Junior gagne en popularité, et semble affecter davantage les chances de Joe Biden que celles Donald Trump, selon les sondages. Cette montée en puissance rappelle les précédentes élections où des candidats tiers ont divisé l’électorat pour compromettre les chances des démocrates.

Selon Donald Nieman, politologue à l’université Binghamton, "l’hyperpolarisation" de la scène politique aux Etats-Unis "est la raison pour laquelle un candidat d’un troisième parti bénéficiant d’un nom connu représente une telle menace à ce moment". Les analystes estiment que seulement quelques États pourraient basculer dans un sens ou dans l’autre, avec des marges extrêmement étroites. "Tout ce qui peut donc siphonner des électeurs" au détriment d’un candidat ou de l’autre pourrait être "un facteur décisif", souligne Donald Nieman.

Pourquoi une menace pour Biden

Robert Kennedy Junior, avocat spécialisé dans le droit de l’environnement, est connu pour son opposition aux vaccins. Il affirme avoir le soutien nécessaire pour figurer sur les bulletins de vote dans six États et vise désormais une présence dans tous les 50 États. "Kennedy représente une véritable menace pour le camp Biden dans les Etats pivots", a confié Charlie Kolean, directeur de la stratégie au sein de la société de conseil conservatrice Red Pac.

Le camp démocrate réagit avec fermeté, déployant des tactiques de contre-campagne pour contrer l’ascension de RFK Jr. Cependant, certains estiment que cette candidature pourrait nuire davantage à Trump qu’à Biden, comme cela a été le cas avec Ross Perot en 1992. L’homme d’affaires Ross Perot avait engrangé 19 % des voix, et sûrement coûté la réélection au républicain George Bush père face à Bill Clinton.

Robert Kennedy Junior n’est pas sans controverse, ses positions complotistes et ses prises de position sur des questions telles que l’aide américaine à l’Ukraine alimentent les débats. Cependant, il trouve un soutien inattendu de la part de Donald Trump. L’ex-président républicain l’assure, RKJ n’est pas un nouveau Ross Perot. "Je suis ravi qu’il soit candidat !", a-t-il lancé récemment sur sa plateforme Truth Social.

Robert Kennedy Junior avait brigué l’investiture démocrate à la présidentielle, mais a abandonné la campagne des primaires sous la pression selon lui d’alliés de Joe Biden. Selon Keith Nahigian, un conseiller de George Bush père dans sa campagne malheureuse de 1992, l’erreur stratégique du camp Biden a été de ne pas l’affronter pour le battre dans les urnes aux primaires. "Ils pourraient perdre la présidence parce qu’ils n’ont pas suffisamment réfléchi à leur stratégie au début de la campagne", dit-il.

Un soutien financier pour Kennedy Junior

La colistière de Kennedy, Nicole Shanahan, apporte non seulement un soutien financier mais également une dynamique politique qui pourrait séduire certains électeurs traditionnellement acquis à la gauche. "Ces deux dernières semaines, à la fois Trump et Biden ont vraiment commencé à attaquer + RFK + car ils le voient comme une menace crédible, particulièrement pour Biden dans ces Etats clés où il est donné perdant actuellement", confie Keith Nahigian.

Il a ajouté que "les candidats indépendants ont un gros impact sur une élection, et peu importe que vous soyez un président sortant, ou un ex-président, vous vous devez de prendre cela au sérieux".