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Lutte contre la corruption au Bénin : de Kérékou à Talon, Martin Assogba fait son bilan

L’investigateur 28/01/2021 à 14:47

Le Président de l’Association de Lutte Contre le Racisme, l’Ethnocentrisme et le Régionalisme (Alcrer Ong), Martin Vihoutou Assogba, a accordé une interview, au Journal Fraternité le vendredi 22 janvier 2021. Il y a abordé toute l’actualité nationale dont la lutte contre la corruption. Lisez


Quels sont les impacts de l’Ong Alcrer dans la lutte contre la corruption et l’impunité au Bénin ?

Etant donné que depuis le 26 octobre 1972, je capitalisais déjà 25 ans de vie, j’ai vu naître la révolution au Bénin et nous avons animé cette révolution aux côtés du président Mathieu Kérékou. Après la révolution, nous avons participé à la conférence des forces vives de la nation. Et nous avions mis en place le 23 décembre 1994 l’Association de Lutte Contre le Racisme, l’Ethnocentrisme et le Régionalisme.

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Ce sont ces fléaux qui empêchent notre pays d’évoluer, parce que chacun des acteurs politiques dans notre pays ne tirent que leurs profits, et il y en a, avec leurs malices, qui se mettent ensemble pour dire qu’ils ont créé un parti politique. Or, ce parti politique ne sert que d’alibi pour aller couper une partie du gâteau national. Nous avons vu des partis régionalistes, des partis ethnocentriques, des partis familiaux. Et puis nous avons constaté que ces partis, au lieu d’animer la vie politique et amener leurs militants à être de vrais patriotes, ne s’occupent que de leur propre développement, et ils font du saupoudrage au niveau de la jeunesse, du peuple analphabète. Puisque ceux-là profitent de l’analphabétisme de notre pays, de nos populations. Ceux qui n’arrivent pas à faire la part des choses se font prendre au piège. On fait des pressions sur les différents chefs d’Etats pour mettre le pays tout entier en portion, et chacun demande la part la plus musclée. Nous avons vu dans ce pays des ministères qui ont appartenu à des ethnies, des régions. Dans ce ministère, ce n’est qu’un citoyen de cette région qui est nommé à ce poste. Donc, les ministères sont dédiés à des régions à cause de la politique politicienne. Un jour par la grâce de Dieu, un autre citoyen du nom de Patrice Talon se présente, et nous l’avons porté au pouvoir.

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Le jour de son investiture, le 06 Avril 2016. Il a dit ceci : « Faisant avec vous le constat du parcours exceptionnel qui est le nôtre, je voudrais reconnaître et saluer l’encrage démocratique du Bénin qui prouve ainsi à nouveau sa capacité à surmonter les défis qui se sont toujours présentés à lui. Cependant, aux plans économique et social ainsi que de la jouissance des libertés individuelles, l’état des lieux n’est guère reluisant. L’urgence est donc aux réformes politiques, à la restitution de l’économie nationale, à la reconstitution du social en redonnant confiance à nos citoyens et à la restauration de la crédibilité de notre pays. Oui, parce que notre pays était devenu un pays de pagailleurs ». Donc son discours a recentré la situation. Nous devons changer donc de paradigme, et personne, moi inclus, n’y avait cru les premiers jours. Je me suis demandé si ce monsieur pourra réellement mettre en pratique sa promesse. Dans ce même pays, nous avions vu des gens qui étaient plus riches que l’Etat, c’est nous qui l’avions dénoncé. Mais, à ma grande surprise, j’ai remarqué que le monsieur a commencé par mettre en application les promesses qu’il avait faites contrairement aux autres qui nous ont vendus des rêves. Talon a fait la différence, parce que tout ce qu’il a dit a été réalisé.

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Je profite de votre micro pour demander à tous les Béninois de se référer au discours d’investiture du Président Patrice Talon prononcé le 06 Avril 2016. Tout ce qu’il fait aujourd’hui s’y trouve.

Bientôt cinq années que le Bénin est dirigé par Patrice Talon. Quel bilan dressez-vous de ce quinquennat ?

C’est un bilan qui fait révéler le pays. Certes, tout n’est pas encore fini et tout ne pourra jamais finir. Lorsque nous pouvons comparer ce que j’ai vu depuis que j’avais 25 ans en 1972 jusqu’aujourd’hui, et plus précisément à la prise de décision de la destinée du pays le 06 Avril 2016, je pourrai vous dire qu’il y a eu une profonde métamorphose. Le Programme d’Actions du Gouvernement a pris en compte tous les départements. Voilà ce que je pourrai vous répondre par rapport à votre question selon mon avis personnel.

C’est vrai que vous vous occupez le plus de la lutte contre la corruption et l’impunité. Dites-nous quel est l’état des lieux que vous faites de la lutte contre la corruption depuis la rupture en 2016.

La Cour des répression des infractions économiques et du terrorisme

Je peux vous dire que je suis heureux. Je vous parle avec mon cœur. Vous abordez vraiment la lutte que Alcrer mène depuis 26 ans. Nous avons dit l’Association de Lutte contre l’Ethnocentrisme, le racisme et le régionalisme, Droits de l’homme, bonne gouvernance, lutte contre l’impunité et la corruption, Education civique et morale. Ce sont les fléaux tels que le régionalisme et l’ethnocentrisme qui font le lit à la corruption, parce que quand vous allez dans nos administrations, avant 2016 vous n’entendrez que le langage, la langue parlée pour la plupart du temps, est celle du chef de l’Etat qui est en poste. Ce sont les personnes qui proviennent de sa région, de son ethnie qui sont les mieux lotis. Et ce sont eux qui peuvent commettre toutes les bêtises dans le pays tout en restant intouchables. Nous avons des cadres dans ce pays qui étaient obligés d’aller apprendre la langue de la région du Chef de l’Etat avant 2016 pour qu’ils puissent être aussi en adéquation et en bonne intimité avec les populations de la région ou de l’ethnie de provenance du chef de l’Etat.

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En allant réclamer même un document, on demande ‘’est-ce qu’il est des nôtres ?" avant de lui donner ses droits. Nous avons vu tout ça. C’est la raison pour laquelle Alcrer a commencé à lutter contre cet état de choses, et nous avons dit que ce n’était pas normal. On disait souvent que tel Chef d’Etat provient de telle région. Ce n’est qu’aux gens de sa région qu’il offre des facilités. Même les ministres sont nommés compte tenu de leur zone de provenance. Là où on doit mettre deux personnes pour faire du travail correct, on en met 5 voire 6, parce qu’on dit que c’est les militants du chef de l’Etat. Même les instituteurs qui ont des parrains dans l’arène politique, sont imposés aux directeurs départementaux des circonscriptions scolaires, même s’ils commettent des impairs. On a eu beaucoup de plaintes par rapport à ces situations. Nous avons dit que ce n’est pas normal qu’on continue ces genres de choses. Alors, nous avons fait des plaidoyers, mais il n’y a jamais eu réponse pour nous avec les autres régimes. Parce qu’avant 2016, c’est seulement les ouvriers, les militants qui étaient autour du chef de l’Etat qui avaient des opportunités. C’est eux qui savaient qui déférer, qui affecter et qui promouvoir. On disait que Martin Assogba n’a rien compris. Au lieu de se mettre dans les rangs, il est là en train de dénoncer les gens. Il va mourir pauvre. Est ce qu’il a même une femme ? Est ce qu’il a des enfants ? Nous avons subi tout cela. Nous avons reçu tous les noms d’oiseau, mais nous avons résisté.

Talon, le chef de l’Etat est sur la bonne voie selon....

Et comme par enchantement, Patrice Talon, malgré les difficultés de son prédécesseur, arrive. Le jour de son investiture, il a dit ceci : « Je ferai de la lutte contre la corruption un combat de tous les instants et de tous les jours et qui n’épuiseront pas les efforts des institutions de la société civile destinés à mettre un terme à l’impunité. A cet égard, pour en donner le gage nécessaire, je déclare que je me suis préparé et je m’engage ». J’ai dit que ce monsieur veut nous blaguer, car son prédécesseur a dit plus que cela.

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J’avais fait plusieurs des propositions de créer un organe judiciaire spécialisé, dans le traitement des dossiers de corruption et d’impunité composé d’au moins trois magistrats. Cette proposition, je la faisais depuis le temps du président Kérékou. Depuis qu’il y avait la cellule de moralisation de la société civile. En ce moment, Alcrer était la seule Ong. Notre rôle est la lutte contre la corruption et partenaire de cette cellule.
Quand la banque mondiale avait dit qu’il faut associer la société civile à cette lutte, le président Kerekou avait demandé à Mme Anne Adjaï Sica de voir avec Alcrer pour qu’elle puisse mobiliser les autres organisations de la société civile. Et c’est cela qui nous a amené à mettre en place le Fonac. Alcrer est mis sur les fonts baptismaux depuis le 23 décembre 1994 et nous avons mis en place le Fonac en 1998 dont Alcrer est membre fondateur jusqu’ aujourd’hui. Nous avons un représentant d’Alcrer au sein du conseil d’administration du Fonac. Moi-même je n’ai plus le temps d’aller là-bas, mais nous sommes là. Quand le nouveau président de la rupture son excellence Patrice Talon a pris des engagements lors de son investiture, j’ai dit que ce monsieur veut nous blaguer comme l’autre. Parce que l’autre nous a fait marcher en plein soleil. Nous étions en train de faire la marche verte contre la corruption. Je puis vous dire que ce n’était pas sérieux de leur part. Parce que, quand vous voulez faire un travail sérieux, vous devez appeler les acteurs qui sont dans le domaine. Mais aucun message ne nous a été envoyé.

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J’étais assis dans mon bureau, vers 14h quand j’ai été informé de ce que le chef de l’Etat Yayi Boni a dit qu’on devrait faire une marche contre la corruption et qu’ils ont déjà démarré. Tous travaux cessant, je les ai rattrapés vers la loterie. Je suis descendu du véhicule, je suis entré dans le rang. On a fait tout le tour. On a pris par Zongo, on est passé par Unafrica, puis devant le Cnhu, par le grand portail où passent les invités d’honneur de la présidence.

Malgré la marche contre la corruption de l’ancien chef d’Etat, rien n’a bougé selon...

On est allé dans la salle du peuple de la présidence. J’ai constaté après que malheureusement, c’était une marche pour enraciner la corruption. Puisque, après cela, c’est la déception. J’ai organisé des conférences de presse, des points de presse pour dénoncer la chose. Parce que, la corruption allait de façon exponentielle, en grandeur nature et on ne comprenait plus rien. Vous me demandez maintenant quel état des lieux je fais de la corruption sous le régime de la rupture. Je vous dis aujourd’hui, il y a une volonté politique affichée. Contrairement à ce que j’avais cru et disais du régime de la rupture par le biais de son président qu’il était en train de nous blaguer. Je me rends compte que lui il est sérieux. Il ne nous blague pas, il tient vraiment à ça. Et c’est pour cela que je le soutiens, il a mon soutien total.
Parce qu’aujourd’hui, il donne raison à tous mes plaidoyers. Il donne raison à la lutte que je mène depuis des décennies sous les autres régimes. Il donne raison du fait qu’il a dit je ferai de la lutte contre la corruption un combat de tous les instants et de tous les jours. Et c’est ce qu’il fait aujourd’hui, les preuves sont là. Il a mis en place la structure pour laquelle je faisais le plaidoyer depuis. Il est vrai que je n’avais pas donné un nom à la structure. Mais j’ai dit que nous voulions une structure qui sera spécialisée dans le traitement des dossiers de lutte contre la corruption et l’impunité pour traquer les délinquants.

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Aujourd’hui, on a mis en place la Criet, et j’ai applaudi. Alcrer est en partenariat avec la Criet et nous avons envoyé pleins de dossiers là-bas. Même la semaine dernière, j’étais à la Criet. Il y a des dossiers que nous déferons devant la Criet, devant la Bef et même devant le chef de l’Etat même ou devant le ministre des Finances. Cette semaine, nous avons reçu une plainte et nous avons dit que nous n’avons pas les moyens de faire les enquêtes. Nous déferons le dossier devant les autorités compétentes qui peuvent les faire. Quand elles font les enquêtes et ont besoin d’informations complémentaires, elles nous contactent. On m’appelle, j’y vais, on me pose des questions et je réponds. Et lorsque les choses sont avérées, les gens se retrouvent là où elles devraient se retrouver. L’état des lieux aujourd’hui, c’est que la lutte contre la corruption n’est plus du verbiage, mais c’est de la réalité. Si c’était sous les autres régimes, on aurait déjà mis sous boisseau l’affaire des 4 milliards de FCFA. Aujourd’hui, si les gens n’entendent plus rien, c’est parce que le dossier est en instruction. Quand il y a un dossier en instruction, on n’en parle pas. La Criet est en train de faire son travail. Pensez-vous que, sans la volonté politique pour en découdre avec la corruption et l’impunité, l’affaire des 39 hectares serait sue par les populations ? Il y a un ancien maire qui est déjà fixé sur son sort. Et ce dossier n’est pas d’aujourd’hui. Mais ce n’est pas fini. Il faut saluer le régime de la rupture. Talon a fait la promesse de faire connaître les résultats des efforts inlassables de la société civile et de la justice qui n’étaient jamais connus. Il faut en être heureux.

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Nous avons souvent décrié les micro-partis politiques, les partis régionalistes, ethnocentriques, familiaux. Le regroupement en grands ensembles fait partie de la lutte contre la corruption. Nous en sommes heureux, parce que ce sont des choses que nous dénoncions. Désormais, les partis politiques sont contraints de déposer un budget de campagne à la chambre des comptes de la Cour suprême, ce qui ne se faisait pas par le passé. Même après la campagne, ces partis doivent faire leur bilan financier et déposer à la chambre des comptes. Rien ne sera plus comme avant.
On avait longuement dénoncé les actes de corruption dans les administrations. Mais tout cela est conjugué au passé grâce à la digitalisation de l’administration. Beaucoup d’enseignants ont salué le chef de l’Etat, parce que les frais de correction qui transitaient par les comptables se perçoivent à la banque. Ceci pour limiter des actes de corruption. Le Directeur de l’office du Bac a fait un travail extraordinaire, et nous l’avons accompagné. Si les convocations des candidats portent leurs photos, c’est un travail réalisé avec Alcrer. Avant, un quidam pouvait aller composer à la place d’un autre. Maintenant, c’est fini. Au regard de tout cela, notre état des lieux dans le cadre de la lutte contre la corruption sur la rupture est positif. Mais, on doit aller plus loin. Je souhaite que le peuple puisse lui faire confiance pour que nous puissions enraciner nos différentes réformes, pour que l’habitude nous colle à la peau. Il faut que le peuple puisse lui renouveler son mandat.

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On reproche au Chef de l’Etat de favoriser des gens proches du pouvoir…
Si des gens comme l’ancien préfet du Littoral, Modeste Toboula, Antoine Dayori, Patrice Hounsou-Guèdè, Georges Bada et autres sont passés à la barre, on est en droit de dire que la corruption n’épargne personne. La rupture, c’est tourner dos aux mauvaises habitudes et adopter de nouveaux comportements. Le mastodonte de bâtiment qui est à l’entrée de la capitale et qui a fait l’objet de scandale ne restera pas impunie. Parce que c’est en même temps pédagogique pour la jeunesse. Il est clairement écrit dans la bible : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Pourquoi les gens veulent gagner leur pain à la sueur de nos fronts ? Pourquoi veulent-ils profiter de nos impôts ? Il n’est plus question de prétendre être ministre ou député pour profiter de l’argent du contribuable. Dans la police, le rançonnement a cessé. Quand je parlais, on pensait que j’aboyais. Et que le chien aboie et la caravane passe. Mais aujourd’hui, le chien aboie et la caravane s’arrête. Nous avons lutté pour que le peuple jouisse des retombées.

Dans ce pays, nous avons fait une étude sur le Système national d’intégrité (Sni) portée par Transparency International, financée par l’Union Européenne et conduite par Alcrer et d’autres organisations de la société civile. Quand nous avons fini, nous avons envoyé les recommandations au gouvernement qui les a prises en compte. Aujourd’hui, le Sni est en marche. Si c’était sous les autres régimes, cette démarche n’allait pas porter ses fruits. Bien qu’il reste beaucoup à faire, nous sommes satisfaits de ce qui est déjà fait. C’est pour cela que ce régime peut bénéficier de l’accompagnement du peuple béninois. Ainsi, cela lui permettra d’enraciner cette nouvelle méthode de gouvernance. Nous avons vu le Chef de l’Etat faire la reddition de compte. Nous en sommes heureux, car c’est Alcrer qui a fait la promotion de cette approche au Bénin. Nous avons commencé par parler de reddition de compte au lendemain de la mise en place de la décentralisation qui a démarré en 2003.

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En 2004, nous avons déjà commencé par parler de reddition de compte dans quelques départements telles que la Donga, le Mono et le Plateau. Aujourd’hui, nous avons sillonné les 77 communes pour parler de cette approche. Et quand le premier des citoyens trouve opportun d’aller faire la reddition des comptes, nous ne pouvons qu’être heureux de savoir que nombre de nos initiatives soient devenues écoles. Nous ne réclamons aucune paternité. C’est ce qui me pousse à accompagner le Chef de l’Etat. J’exhorte les Béninois patriotes, qui ont constaté que le pays s’est pays s’est métamorphosé en 5 ans, à le soutenir afin d’imprimer la bonne attitude aux Béninois.

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D’aucuns interprètent cette lutte comme une chasse aux opposants. Vous en pensez quoi ?

Vous parlez de la chasse à quels opposants ? On vous dit de venir rendre compte parce qu’on a trouvé quelques failles dans votre gestion des fonds publics et vous prenez la fuite pour vous exiler. Ce sont des fuyards, des irresponsables qui ne veulent pas répondre de leur gestion. Il y en a même, parce qu’ils veulent faire connaître leurs noms, ils ont fui aussi. Ici, nous recevons des milliards que nous gérons. Mais quand mes partenaires envoient des bureaux d’audit, je ne fuis pas. Je reste pour répondre. Puisque je sais que je n’ai rien à me reprocher. Il y a des gens qui se sont subitement enrichis, alors qu’ils n’ont jamais travaillé quelque part. Ils se sont subitement enrichis parce que le système dans lequel ils évoluaient, était un système de laisser-aller. Ce qui préoccupait celui qui était le premier magistrat, c’est comment garder son fauteuil. Talon a dit que lui il préfère être impopulaire et que ce sont ces actes qu’il va poser qui parleront de lui. Il ne veut pas que des individus parlent de lui. Et il le fait dans le cadre des activités d’Alcrer. Nous, on est heureux parce que nous sommes gagnants. C’est tout ce qu’on demandait aux autres régimes dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité. C’est pour cela que nous l’accompagnons. Moi Martin Vihoutou Assogba je l’accompagne dans ça.

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Nous sommes plusieurs à être de la société civile mais chacun a ses thématiques. La thématique d’Alcrer c’est la lutte contre la corruption et l’impunité. Nous avons mené des combats contre l’impunité et la corruption depuis les autres régimes. Principalement les 10 dernières années avant le régime de la rupture et qui a failli nous coûté notre vie. Maintenant que ce que nous défendions a été écouté et mis en œuvre, ne voyez-vous pas que nous devons soutenir ça. C’est au profit de nos combats. Il ne faut pas que les gens fassent de l’amalgame pour dire que nous sommes de la société civile et que nous supportons le régime en place. Je ne supporte pas le régime en place mais la lutte contre la corruption mise en application par le régime en place. Toute chose que nous prônions depuis et les régimes n’avaient pas eu la volonté politique pour nous accompagner. Maintenant, celui de la rupture nous accompagne dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité. Donc, nous aussi, nous devons l’accompagner. Il faut que les gens le comprennent ainsi. Il ne faut pas faire de mélange. Nous avons chacun nos objectifs. Les nôtres ont commencé par trouver des réponses sous le régime de la rupture. Ils n’ont qu’à comprendre ça comme cela. Donc lorsque les gens disent que la lutte est sélective, c’est faux. Aucune lutte n’est sélective. Si c’était le cas, est ce que les gens comme le préfet Toboula, Antoine Dayori, allaient se retrouver en prison. C’est pourtant les premiers soutiens de la rupture. Ou encore est ce que les gens comme Georges Bada et Patrice Hounsou-Guèdè allaient se retrouver en prison. Si c’était avant, personne n’allait les toucher parce qu’ils font partie de l’arène du pouvoir en place. Dans notre pays, il y en a qui résonnent au lieu de raisonner. Il y a bien une différence. Les gens mélangent tout. Les anciens régimes ne m’ont jamais aidé à avoir raison pour la lutte que je mène. Le régime actuel fait les choses selon ce que nous prônions. Nous ne pouvons que l’accompagner dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité.

Depuis 2016, on a l’impression que vous ne donnez plus de la voix et que vous sympathisez avec le pouvoir en place en étant dans les bonnes grâces du Chef de l’Etat.

Martin Assogba

Je souhaite être dans les bonnes grâces du Chef de l’Etat. Mais ce n’est pas encore le cas. Qui ne veut pas mieux ? Je ne le suis pas encore mais je souhaite l’être. Qui a refusé de gagner 20 millions à la loterie. Mais je dis que nous accompagnons le chef de l’Etat dans le cadre de mes activités qu’est la lutte contre la corruption et l’impunité. Toute chose qu’Alcrer prônait depuis des décennies et qu’aucun chef de l’Etat n’avait eu d’oreilles pour nous. Aujourd’hui que c’est devenu une réalité, nous allons encore tourner dos à ce que qu’on recherchait et qu’on a commencé par trouver ? Non. Pour mon âge et pour la lutte que je mène depuis 26 ans, je pense qu’il est normal que je puisse être heureux de ce qu’elle a commencé par porter du fruit. Il y a une volonté politique du régime de la rupture qui accompagne ma lutte et que les délictueux sont aujourd’hui mis aux bancs des accusés puis jugés. Que feront ceux qui parlent aujourd’hui s’ils étaient à notre place ? Je répète qu’il y a société civile dans société civile. Nous sommes dans la bonne gouvernance. Aujourd’hui, le régime de la rupture a eu d’oreille pour nous et a mis en place les instruments qu’il faut à cet effet. La lutte contre la corruption n’est plus aujourd’hui une question d’effet d’annonce, mais une réalité.

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Il n’y a pas question de sélection. Nous avons vu des partisans aux côtés du chef de l’Etat, promoteur de la rupture être sévèrement sanctionnés une fois qu’ils sont tombés dans la nasse. S’il y en a qui ont fui parce qu’ils ne veulent pas assumer leurs responsabilités et constituent des exilés politiques, c’est faux. Ils seront rattrapés un beau matin. Je parle avec conscience. Si ce que je fais, je le fais avec quelque intérêt que ce soit, la nature est là pour me sanctionner un jour.

Vous êtes à l’origine de la coalition des Osc pour la Cour des comptes. La Cour est désormais consacrée dans la constitution et sa loi organique votée. C’est devenu donc une réalité. Que vous inspire cette évolution Monsieur martin Vihoutou Assogba ?

C’est depuis 2016 que j’ai eu la chance d’aller assister à un colloque international organisé par l’Uemoa à Yaoundé sur les institutions supérieures de contrôle des finances et à l’occasion, la délégation béninoise était composée de deux membres de la commission des finances de l’Assemblée nationale, de deux membres de la chambre des comptes de la cour suprême, d’un autre membre qui est votre confrère en l’occurrence Félix Djimi qui est le président de l’association des jeunes entrepreneurs et il y avait moi-même Martin Vihoutou Assogba, président de l’Ong Alcrer. Lorsque nous sommes arrivés à Yaoundé où a eu lieu l’atelier, les organisateurs m’ont détecté dans mes prises de position par rapport à la question. Et lorsqu’on était allés à la pause déjeuner, ils ont délégué un membre du groupe des organisateurs pour venir me solliciter. Ils sont venus me dire : Ah monsieur Assogba, nous avons remarqué que vous êtes un vrai activiste, nous venons vous solliciter pour la lecture du rapport final qui sanctionne l’atelier. Je réponds, avec plaisir et j’ai informé les autres membres de la délégation. Le Bénin était donc à l’honneur.

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A l’époque, le Bénin et le Mali étaient accusés de mauvais élèves. C’était les deux pays qui n’avaient pas rempli les conditions d’installation de leur Cour des comptes. J’ai pu honorer mon engagement en lisant le rapport final qui a sanctionné l’atelier des institutions supérieures de contrôle des finances. Et ils m’ont dit Monsieur Assogba, il faut que vous fassiez tout possible pour que votre Etat puisse quitter le rang de lanterne pour rejoindre le rang des honorables, des honorés. Cela fait depuis 1993 ou 1994 que l’Uemoa a fait obligation à ses Etats de mettre en place des Cours des comptes. C’est une mission qui m’a été confiée sur le plan international ou tout au moins régional. Et comme j’ai accepté de me battre pour qu’il en soit ainsi, quand je suis revenu au pays, j’ai appelé les autres organisations de la société civile pour leur faire le compte-rendu en nous exhortant à nous mettre en coalition pour faire ce combat-là donc nous avons été les pionniers de cette lutte. On s’est cotisé de l’argent nous-mêmes. Chacune des organisations de la société civile a donné de l’argent parce qu’on ne pouvait pas encore aller chercher un partenaire pour s’en occuper. Il y a eu des conférences de presse, des points de presse. Nous sommes allés sur les plateaux pour expliquer. Nous avons été invités aussi par les journalistes. Mais il y a un obstacle qui s’est dressé devant nous : la constitutionnalisation de la Cour des comptes avant que la chose ne soit réelle. Et nous avons commencé par demander que la loi fondamentale soit révisée.

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C’est là où les béninois se sont jetés sur ma personne ; ils m’ont traité de tous les noms. Ils ont dit oui voilà Alcrer veut permettre à Patrice Talon de réviser la constitution pour ne plus quitter le pouvoir. Et tout le monde disait ce qu’il voulait sans rien comprendre de la lutte que nous menions. Nous avions dit que nous ne voulons pas d’une révision complète de la constitution. Nous avons demandé une opération chirurgicale, c’est le thème qu’on avait utilisé en ce moment pour introduire la mise en place de la Cour des comptes dans notre constitution afin que la chose soit faisable. Ils m’ont tellement injurié mais j’ai pardonné. Je travaille pour ma Nation avec abnégation sans l’idée d’un intérêt particulier. Dieu a finalement écouté ma prière. Les députés ayant programmé la révision de la Constitution pour une organisation couplée des élections à partir de 2026, nous avons intensifié le plaidoyer. Nous sommes allés voir le président de l’Assemblée nationale pour l’exhorter à adhérer à la chose. J’ai amené des délégations là-bas et nous avons fini par avoir gain de cause. Avant ça d’ailleurs, il y avait eu cette affaire de Sni (Système national d’intégrité) et dans les recommandations, il était question de demander au gouvernement de mettre en place la Cour des comptes. Et Alcrer fait partie du consortium qui a fait l’étude sur le Sni. Le rôle de mon organisation était désormais double. On s’est battus. Nous, nous ne recherchons la paternité de quoi que ce soit mais voilà le combat que nous avons mené dans les différents domaines. Une fois la constitutionnalisation effective, nous avons repris notre bâton de pèlerin. Ils m’ont dit Monsieur Alcrer, c’est demain que nous voulons voter la loi. Il faut que vous soyez là pour que vos dernières recommandations soient prises en compte.

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Les autres m’ont autorisé à aller répondre. J’y étais et le lendemain, la loi nous a été votée. Maintenant, nous sommes en train de courir pour que le gouvernement puisse nommer le président de la Cour des comptes afin que tout ceci soit opérationnel. Donc, moi j’ai subi les railleries de tout le monde, toutes sortes d’affabulations, mais comme c’est pour mon pays, j’ai accepté de faire ces sacrifices. Comme c’est pour mon peuple, la nature finira par me le reconnaître même si les individus m’ont injurié en me traitant de tous les noms d’oiseaux. Ce n’est pas un problème. La semaine dernière, nous avons organisé une émission pour remercier les députés, remercié le Gouvernement pour son accompagnement dans le cadre de la lutte contre la corruption. Nous avons 26 années d’engagement. Et si les autres gouvernements étaient attentifs à nos doléances, on ne serait plus à ce niveau aujourd’hui. On ne ferait pas face à certains scandales parce que les gens auront fait plus attention au bien public au lieu de se mettre en groupuscule pour en bénéficier impunément.

Le Chef de l’Etat a promis lutter contre la corruption et l’impunité et il le fait. Et cela ne nous donne que raison parce que ça fait des années que nous menons cette lutte. Mais aucun des régimes avant lui ne nous a prouvé leur volonté politique. Donc, ce que nous demandons aujourd’hui, c’est que nous souhaitons que le régime de la rupture puisse avoir encore la confiance des populations pour briguer un second mandat afin que les nouvelles habitudes que la rupture nous a imprimé deviennent véritablement notre quotidien pour que nous puissions faire les choses comme nous le dit l’hymne national.

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L’hymne national dit ceci : « Jadis à son appel, nos aïeux sans faiblesse, ont su avec courage, ardeur, plein d’allégresse, livrer au prix du sang des combats éclatants, accourez-vous aussi bâtisseurs du présent… Nous sommes les bâtisseurs du présent plus fort dans l’unité chaque jour à la tâche, pour la prospérité construisez sans relâche ». Le régime de la rupture est en train de mettre en application ce pan de notre hymne national. Il faudrait que chacun de nous s’inscrive dans cette logique.

Mr le Président, au nom de la bonne gouvernance et pour mieux lutter contre la bonne gouvernance, Patrice Talon est candidat en 2021. Quelles sont vos impressions ?

Patrice Talon, candidat en 2021 est pour moi une bonne information. J’avais même peur que Patrice Talon renonce à sa candidature à cause des oiseaux de mauvais augure, qui disaient que Talon ne devrait pas se présenter en respect à sa parole donnée. Il n’y a que ceux qui ne réfléchissent pas qui ne changent pas d’avis. Mais écoutez, vous avez un avis au départ, et chemin faisant, vous avez constaté que votre avis premier était erroné ; pourquoi ne pas se remettre au goût du jour ? Il a fait d’énormes réalisations mais il lui reste encore beaucoup à faire. Il ne nous a pas encore satisfaits totalement. Il reste beaucoup de chantiers qu’il n’a pas encore mis en exécution. Il avait estimé qu’en cinq ans, il pouvait faire le job, mais les réalités du terrain à cause de la profondeur des manques et des dégâts lui on fait changé d’avis. A titre illustratif, le président du Prd n’avait-il pas dit que le président Talon a hérité d’un pays saccagé, un pays détruit. Le Président Talon n’avait pas une idée de tout ce qui l’attendait. Maintenant qu’il l’a su, il faut qu’il change. En plus il avait demandé à ce que les députés puissent constitutionnaliser le mandat unique et ces derniers ont dit non parce qu’ils sont conscients de la tâche qui l’attend. Donc qu’on le veuille ou non, Patrice Talon est dans la légalité puisque la constitution lui permet de faire un second mandat.

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Ce second mandat nous permettra d’être mieux éduqués, de devenir plus patriotes, d’avoir beaucoup plus conscience du bien public et de savoir que l’argent publique doit revenir pour améliorer les conditions de vie des populations. Ce ne sont plus les désordres et l’anarchie que nous faisions qui continueront. Contrairement aux anciens chefs d’Etat en perpétuelle quête d’électorat, Patrice Talon pour ma part est à la recherche de l’amélioration des conditions de vie des populations. La préoccupation de patrice Talon est de changer le visage du Bénin, que le Bénin quitte l’état de pauvreté extrême, que l’état des routes soit amélioré pour une circulation paisible des citoyens. L’asphaltage des voies autrefois impraticables fait partie de la prospérité partagée. Pour la petite histoire, un citoyen durant des années cherchait à vendre en vain sa parcelle sise dans un bas-fond non loin de Ciné-Concorde à 1 500 000 Francs. Après l’asphaltage dans la zone, il fixe une mise à prix de la même parcelle à 15 000 000 Francs. Tout cela relève de la prospérité partagée. Les exemples du genre sont multiples. Il faut reconnaître à Dieu ce qui lui revient et à César ce qui lui revient. Je voudrais profiter pour informer les populations qu’il existe des personnes qui à cause de leurs problèmes personnels avec le chef de l’Etat, parce qu’elles n’ont pas reçu la nomination espérée, se sont transformées en opposants.

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Ces derniers veulent emballer la population qui est à 80% analphabète. Les gens évoquent la démocratie mais les grognes continuent toujours. Dans ce pays, Djènontin pendant qu’il était ministre de la justice n’avait-il pas refusé de mettre en application une décision de justice (Ccja) ? Mais je ne suis pas amnésique comme eux. Je n’ai pas oublié toutes ces choses et ce n’est pas parce que je suis de la société civile que je ne peux pas dire ce que je pense ou ce que je vois. J’ai l’âge de distinguer le bien du mal et de faire la différence entre le faux et le vrai. Il faut que les gens cessent de nous emballer et de nous amener les problèmes personnels en les transformant en des problèmes nationaux.

Votre conclusion.

Ma conclusion pour cet entretien est de vous remercier pour m’avoir permis de dire ce que je pense par rapport à la gestion, par rapport à la gouvernance de Talon depuis 2016 surtout dans le cadre de la lutte contre la corruption et l’impunité.
source : Fraternité




 
 

 
 
 

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